Il y a comme une inadéquation entre formation et besoins du marché. Le directeur de l'Ecole supérieure de gestion, M.Belkessam, a révélé, hier qu'une centaine d'agents spécialisés dans le forage ont quitté Sonatrach en l'espace de deux mois. Ces derniers ont rejoint des entreprises privées pour des salaires trois fois plus importants. M.Belkessam, qui était invité au forum d'El Moudjahid portant sur: «l'université et impact des réformes dans le secteur», a fait cette déclaration pour illustrer la relation entre la formation, les besoins du marché et le nouveau phénomène de la surenchère par rapport aux qualifications. L'un des défis majeurs auxquels l'université doit faire face aujourd'hui est plus que jamais de dispenser des formations répondant aux exigences des entreprises et permettant, du coup, l'accès au marché du travail. Nos institutions connaissent, dans la plupart des cas, des difficultés d'adaptation aux exigences du monde d'aujourd'hui, estime M.Belkessam, qui a insisté sur l'amélioration du rapport université-entreprise. Il y a une inadéquation, selon lui, entre la formation qu'offrent nos systèmes d'éducation et d'enseignement supérieur et la demande des entreprises en termes d'emploi. «Aujourd'hui, il y a un profil qui ne correspond pas aux références professionnelles exigées par les opérateurs», a-t-il estimé. Il donnera l'exemple du secteur du bâtiment qui a fait appel à la main-d'oeuvre asiatique en l'absence d'une main-d'oeuvre algérienne qualifiée. Les causes de cette situation ont été attribuées, en particulier, au système de réforme qui ne correspond pas aux besoins du marché, précisera l'invité du forum. Il remet, donc, en cause, le système de réforme lancé, il y a quelques années, par le ministère de l'Enseignement supérieur. La commission chargée de l'élaboration de ce dernier a été, également, critiquée. Ni les entrepreneurs, ni le patronat, ni même les syndicats, a noté M.Belkessam, n'ont été associés. Les participants à ce débat ont soulevé, également, le mutisme de cette commission quant à l'évaluation du système de réforme et ont fait remarquer, en outre, que jusqu'à présent, aucun bilan n'a été présenté dans ce sens. Ces derniers s'accordent à dire que les formations doivent répondre aux attentes des entreprises et tout changement de perspectives de ces dernières entraînera une rectification des savoirs dispensés dans ces formations et cela tout au long de la vie, c'est ce qu'on appelle la formation continue. Mais pour eux, l'arrivée massive de l'université-entreprise en Algérie est encore loin car, à voir l'état de l'économie de notre pays (hors du secteur des hydrocarbures,bien sûr), l'absence d'investissement des sociétés étrangères, et la crise qui secoue l'université, il faudra attendre un certain temps avant que les entreprises privées ou les collectivités locales et régionales ne viennent à engager un partenariat avec l'université. Le secteur économique public et le secteur privé national productif doivent avoir la priorité dans le partenariat avec l'université. M.Belkessam propose la création de comités de branches qui auront le rôle de régulateurs entre la formation et la demande du marché. Il suggère, notamment, de lever les obstacles linguistiques et de généraliser et vulgariser l'outil informatique.