Actuellement, la wilaya dispose uniquement d'un apport d'eau estimé à 135.000m3. Les pièces d'Ould Abderrahmane Kaki jouées sur tous les tréteaux d'une Algérie à peine épanouie, aux lueurs de l'indépendance, étaient-elles prémonitoires? La question mérite d'être posée si l'on considère l'extraordinaire déficit en eau de nos barrages aujourd'hui et la prophétie du dramaturge. Tous les octogénaires qui avaient vingt ans en 1964, se souviennent sûrement du génial Guerrab oua salihine et de cette complainte, vieille de deux siècles, remise au goût du jour par l'auteur et chantée en choeur tout au long de la scène «Ya l'ma, ya l'ma sidi rabi...» On ne peut ne pas penser à Kaki lorsqu'on voit le nombre de jerrycans en circulation à Oran et surtout le nombre de grossistes qui ont investi cette nouvelle filière, à l'occasion. On ne peut ne pas penser à Kaki lorsqu'on dessale la mer et que l'on pique le littoral d'Oran de stations de pompage qui n'arrivent pas à satisfaire tous les besoins d'une population qui a de plus en plus soif. On ne peut ne pas penser à Kaki lorsque l'eau, pour étancher précisément la soif de deux millions d'habitants, est détournée de deux wilayas (Relizane et Tlemcen) et acheminée sur des kilomètres de canalisation. On ne peut ne pas penser à Kaki enfin, lorsque des fourgons, souvent rouillés, aménagés en autociternes, sillonnent la ville dans tous les sens pour proposer aux clients une eau fraîche et potable. Selon nos sources, (sans jeu de mot aucun), il serait fortement question de réglementer ce commerce informel et sauvage en identifiant le véhicule, le propriétaire, l'origine et la potabilité d'une eau, a priori, suspecte. Et à ce propos, il convient de noter que les chauffeurs de ces fourgons n'annoncent plus leur arrivée dans la «houma» par les stridents klaxons habituels qui réveillaient tout le monde...mais par une musique raï lâchée à fond. Cependant, il y a lieu de signaler que huit communes de la wilaya d'Oran qui en compte 26 ont signé un protocole prévoyant le transfert de la gestion de leurs réseaux d'assainissement à l'agence régionale de l'office national d'assainissement (ONA). Tandis qu'une station de dessalement d'eau de mer d'une capacité de 500.000m3/jour sera réalisée dans la localité de Mers El Hadjadj. La décision de réalisation de cette station, qui vient remplacer celle prévue initialement à Cap Blanc, a été prise par la direction de l'hydraulique après consultation des experts du ministère de tutelle, ont indiqué les responsables du secteur, au cours de cette réunion. Le projet, qui permettra de préserver une superficie de plus de 15 hectares de terres agricoles à Cap Blanc, est actuellement à l'étude, après l'affectation d'une assiette foncière qui abritera cette station à Mers El Hadjadj. En attendant, le «guerrab» est motorisé aujourd'hui et chante...«la Traviata».