Scène n Un hommage à Ould Abderrahmane Kaki a été rendu, hier, au TNA, à travers une représentation théâtrale, et ce à l'occasion du 15e anniversaire de son décès. Titrée Mur de sable, la pièce a été adaptée du texte original Dar Rebi (La maison de Dieu), écrit en 1961 par le regretté homme de théâtre Ould Abderrahmane Kaki. Pendant près d'une heure, les comédiens de l'association Ould Abderrahmane-Kaki de Mostaganem ont tenté, dans un décor symbolisant le désert, de faire renaître l'une des pièces de ce dramaturge. S'exprimant en arabe dialectal, les personnages incarnant des évadés d'une prison, se sont interrogés sur le concept du mot «justice». Chacun d'eux avait sa propre souffrance et son aventure, mais le sort vécu était le même : l'incarcération. Une fois hors du cachot, les évadés se retrouvent dans un endroit désertique, sans aucune verdure et écrasé par une forte chaleur, mais il y avait une source d'eau. Et comme l'endroit n'appartenait à personne, ils l'ont baptisé Dar rebi, car il représentait une sorte de refuge à ciel ouvert. Le dialogue de la pièce, mise en scène par Mohamed Takiret, comportait beaucoup de métaphores sur la vie sociale des gens et les relations humaines. Il contenait une sorte d'analyse sur le lien existant entre l'humanité et les valeurs de l'homme avec un regard sur le croisement des mentalités et des comportements. M. Takiret a indiqué à l'APS que «cette pièce peut être jouée dans différents genres et styles de théâtre. J'ai choisi le style tragique, car j'ai jugé qu'il est le mieux adapté à l'histoire», ajoutant que «les comédiens parleront en arabe dialectal pour toucher un large public». Il a plaidé pour davantage de rencontres et d'évènements consacrés à ce dramaturge «qui, à l'instar d'Abdelkader Alloula et Azzeddine Medjoubi, a tant donné au Théâtre national pour le hisser au plus haut niveau». Abdelkader Ould Abderrahmane, dit Abderrahmane Kaki (1934-1995), est l'une des grandes figures du théâtre algérien des années soixante et soixante-dix. Metteur en scène et auteur, né à Mostaganem, il fait ses classes dans le théâtre amateur, devient instructeur d'art dramatique et fonde sa propre troupe en 1958. Fin connaisseur des travaux de Stanislavski, Craig, Meyerhold, Piscator et Brecht, tout en se cherchant une voie esthétique, Abderrahmane Kaki se préoccupe de langue, de travail d'acteur, de décor, de lumière, de musique et de rythme. Son théâtre s'abreuve aux sources d'un riche patrimoine oral. Il a été le premier à puiser dans les ressources de la forme traditionnelle de la halqa (ronde) et du meddah (conteur) avec El-Guerrâb oua-Sâlihîn (Le Porteur d'eau et les trois marabouts) en 1966 et une comédie satirique, Koul ouahad ou hakmou (A chacun son jugement) en 1967. Longtemps immobilisé à la suite d'un grave accident de voiture en 1969, Abderrahmane Kaki s'est éteint le 14 février 1995 à Oran. l Rappelant que l'association, créée en 1997, œuvre à perpétuer et pérenniser l'œuvre de Kaki, M. Takiret a plaidé pour davantage de rencontres et d'événements consacrés à ce dramaturge. «Il ne faut pas se limiter à l'anniversaire de la naissance ou du décès d'un artiste pour parler de lui. Il faut qu'il y ait des manifestations tout au long de l'année pour lutter contre l'oubli et, en même temps, faire connaître ses œuvres aux jeunes générations», a-t-il suggéré. Pour lui, des efforts devraient être fournis, en synergie avec l'ensemble des associations et compagnies théâtrales de tous les coins du pays, pour «immortaliser les grands artistes, dont l'œuvre représente un vrai patrimoine». Le théâtre régional de Mascara rendra aussi un hommage à Kaki par la présentation, ce soir (lundi), de la pièce La nuit au TNA, où une table ronde sur le parcours d'Ould Abderrahmane Kaki sera organisée mercredi prochain.