Tokyo, Séoul, Pékin telles sont les étapes du voyage asiatique qu'a entrepris depuis samedi le président Bush. George W. Bush a ainsi entamé à Tokyo un voyage asiatique et se trouve, depuis hier, à Séoul, alors qu'il sera demain à Pékin. Cette visite en Asie du Sud, dans le contexte international actuel, s'apparente fortement à une campagne internationale de promotion de la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme, et de ce que le président US appelle «l'axe du mal». En d'autres termes, George W.Bush cherche à obtenir des Asiatiques un soutien à un concept fraîchement accueilli par les Européens. A Tokyo, l'étape la plus facile en fait, vu l'excellence des relations américano-japonaises, George W.Bush a, toutefois, tout en revenant sur «l'axe du mal», mis un certain bémol à ses accusations contre le trio infernal, affirmant même: «Nous voulons résoudre tous les problèmes de manière pacifique que ce soit avec l'Irak, l'Iran ou la Corée du Nord.» Aussi, le président Bush a-t-il surtout insisté sur les liens solides existant entre les deux pays en estimant que le pacte militaire entre les Etats-Unis et le Japon constitue «la clef de voûte pour la paix et la sécurité dans le Pacifique» affirmant, par ailleurs: «Le Japon est l'un des grands et des plus fidèles amis» des Etats-Unis. Une manière comme une autre de conforter le Premier ministre japonais, Jonishiro Koizimu, aux prises, depuis quelques semaines, avec une crise ouverte de son cabinet. A Séoul le président Bush a été accueilli par des manifestations violentes de la société civile et de religieux bouddhistes coréens. En Corée du Sud, le président Bush a aussi retrouvé toute la vigueur de ses attaques contre les trois pays dans le collimateur américain. Le chef de l'Administration américaine se rend, aujourd'hui, à la zone démilitarisée - séparant depuis 1953 les deux Corées -, étape obligatoire pour tout président américain visitant la Corée, pour jeter «un regard sur l'axe du mal». Cependant, l'empressement de George W.Bush à en découdre avec la Corée du Nord met à l'évidence dans une position inconfortable le président sud-coréen, Kim Dae-Jung, qui a fait de la normalisation entre les deux Corées l'axe fondamental de sa politique. L'enthousiasme de son invité américain à batailler contre les Coréens du Nord menace même de réduire à néant toutes les avancées acquises ces derniers mois entre Séoul et Pyongyang. Enfin, demain, le président américain effectuera l'étape de Pékin, la plus délicate de son périple asiatique. Cinquante années de relations tumultueuses, cela laisse des traces. Et le président Bush a encore à faire preuve de souplesse même s'il se promet d'évoquer avec le président chinois, Jiang Zemin, «la question des libertés religieuses». Encore que la Chine ait apporté un soutien ferme et sans équivoque à la lutte engagée par Washington contre le terrorisme, il ne fait point de doute, cependant, que les questions sujettes à friction, - le statut de Taiwan, la vente d'armes américaines à ce même archipel que Pékin considère comme une province de la Chine, la question des droits de l'Homme, les relations commerciales - domineront les discussions entre les deux chefs d'Etat américain et chinois.