Les Bourses d'Asie subissaient de nouvelles pertes monumentales mardi, paniquées par les perspectives de récession aux Etats-Unis, gros client des exportations asiatiques, et par les conséquences potentielles pour l'ensemble de l'économie mondiale. EvènementLa dégringolade a dépassé 5% à Tokyo, 7% à Shanghaï et 8% par moments à Hong Kong, tandis qu'à Bombay et Séoul, la séance a été suspendue pendant quelque temps après des plongeons vertigineux. Les marchés d'Asie avaient déjà vécu une journée noire lundi, contaminant les places européennes qui avaient alors encaissé leurs plus fortes baisses depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. A Tokyo, deuxième place financière mondiale, l'indice Nikkei des valeurs vedettes a terminé à son plus bas niveau en plus de 28 mois après une chute libre de 5,65%, qui a suivi une sévère perte de 3,86% lundi. Le principal indice tokyoïte a fondu de près de 18% depuis le début de l'année, et de plus de 31% par rapport à son meilleur niveau de 2007, atteint début juillet. Sur tout le reste du continent, les investisseurs vendaient également massivement leurs actions pour la deuxième journée consécutive. L'indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong s'effondrait ainsi de 8,04% à la mi-séance, mais se redressait quelque peu dans l'après-midi. A Shanghaï, où l'indice composite a chuté de 7,22% en clôture, la cotation de l'action Bank of China a été suspendue alors que, selon des médias, la deuxième banque chinoise s'apprête à annoncer des pertes sur ses titres adossés à des prêts hypothécaires à risques américains ("subprimes"). A Séoul, la séance a été temporairement suspendue alors que l'indice Kospi dévissait de 6,23%. La situation s'est légèrement rétablie à la reprise, et l'indice-phare du marché sud-coréen a terminé la journée en baisse de 4,43%. La séance a également été provisoirement suspendue à Bombay après une chute spectaculaire de 9,75% de l'indice Sensex à l'ouverture. Après sa reprise, l'indice chutait encore de 6,47% vers 6H00 GMT. La Bourse de Bombay avait déjà battu lundi son record historique de pertes pour une seule séance (-7,41%). "Le pire est peut-être passé. Le marché doit se remettre des chutes qu'il a subies. Cette panique soudaine n'a aucun motif rationnel car les fondamentaux de l'économie indienne ne peuvent pas changer du jour au lendemain", a fait remarquer VVLN Sastry, directeur de Firstcall India Equity Advisors. A la mi-séance, Singapour chutait de 4,83% et Bangkok de 4,45%. Jakarta plongeait de 10,17% dans les échanges de l'après-midi et Kuala Lumpur de 4,52%. En clôture, Sydney a perdu 7,05%, sa plus lourde chute journalière depuis octobre 1997. "C'est un carnage total, impossible de décrire la situation autrement", s'est désespéré Justin Gallagher, courtier chez ABN Amro. Manille a terminé en baisse de 5,52% et Taïpeh de 6,51%. La Bourse de Nouvelle-Zélande a été la seule relativement épargnée (-1,09%). Les frayeurs des investisseurs asiatiques concernant l'économie américaine, minée par les problèmes des "subprimes", n'ont pas été calmées par le plan de relance de 140 milliards de dollars proposé vendredi par le président américain George W. Bush, ni par la perspective de nouvelles baisses de taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine (Fed). "A moins que le gouvernement américain ne décide d'injecter des fonds publics pour résoudre le problème des 'subprimes', les craintes d'un assèchement du crédit ne disparaîtront pas", a estimé Osamu Tamada, stratège chez Mizuho Investors Securities à Tokyo. "On craint de plus en plus que le ralentissement économique aux Etats-Unis se propage à d'autres parties du monde. On assiste à une panique soudaine, à cause des perspectives de l'économie et des marchés d'actions mondiaux", a ajouté Howard Gorges, vice-président de South China Securities à Hong Kong. Les marchés américains étaient fermés lundi, jour férié aux Etats-Unis, ce qui a accru la volatilité des indices sur les autres places où les intervenants étaient privés de direction claire, selon les courtiers.