L'une des distractions favorites de tous les enfants a été, depuis toujours et de tous temps, de regarder des dessins animés. C'était un moyen de passer le temps après l'école, de s'amuser en regardant telles scènes comiques de Tom et Jerry, de s'évader en contemplant ce conte de fées de Alice au pays des merveilles, de pleurer en suivant les péripéties de Rémy ou de danser en admirant les scènes romantiques de La belle au bois dormant. Aujourd'hui, tout le monde se rend compte, et les parents en premier, que cette distraction n'est plus ce qu'elle était. A l'image de ce qui se produit dans le monde en général et en Algérie en particulier, comme violence, guerre ou conflits, même le dessin animé, qui devrait détendre l'atmosphère, soulager le mal quotidien des enfants ou au moins apaiser leurs souffrances et prouver que la paix et la fraternité existent toujours et malgré tout, contribue, lui aussi, à cultiver la violence chez nos enfants dès leur plus jeune âge. Aujourd'hui, il n'est plus question de Heïdi, de Peter Pan, de Fifi Brindassier, Zina oua Nahoul, Sandy Bell, Blanche-Neige et les sept nains, Bachar ou encore Flona ou Tom Sawyer. Il ne s'agit plus des productions Walt Disney, Hannah Barbera ou autres noms synonymes de culture pour enfants, innocentes et distractives. De plus en plus, et au fil des années, les parents voyaient défiler sur leur écran, à leur grand désarroi mais au grand bonheur de leurs enfants, des dessins animés, des «Mickey» comme ils aimaient à les appeler, qui témoignaient de plus en plus de violence, de duels ou de méchanceté qui étaient loin de rendre service à l'éducation voulue pour leur progéniture. Comme preuve de cette déviation, prenons quelques exemples - et Dieu sait qu'il y en a beaucoup - N'avons-nous pas entendu, dans telle région d'Alger, qu'un enfant s'était jeté par la fenêtre, se prenant pour Goldorak ou je ne sais quel personnage animé volant, ou tel autre enfant qui s'était servi d'un couteau de cuisine pour se défendre contre son frère tel un guerrier Samouraï muni d'un sabre, comme aiment si bien le montrer les dessins animés japonais. De plus en plus, donc, on entend les jeunes enfants se parler entre eux dans les crèches, les écoles ou tout simplement la rue, non pas des valeurs de bonté, de générosité, de fraternité, d'entraide ou d'autres qualités censées être véhiculées par ces dessins animés mais plutôt de dualité, de férocité, de bagarre entre tel ou tel personnage, et on les voit surtout se disputer, se battre entre eux avec violence et méchanceté. Aujourd'hui, il ne s'agit plus de Heïdi ou de Rémy, les modèles à suivre sont plutôt les Pokémon, les Digimon, Power Rangers, Action man et autres séries sur les diverses chaînes pour enfant, Tiji, Canal Jimmy, Canal Junior, Mangas, Teletoon et d'autres noms de chaînes que les enfants «câblés» ont appris par coeur. Loin de servir les intérêts des diverses campagnes médiatiques et mensongères qui spéculent sur des noms, qui attribuent à ces dessins animés des desseins machiavéliques et des buts imaginaires, loin de toute réalité dans le but de rejeter tout ce qui vient de l'Occident, l'objectif ici est plutôt de ménager nos enfants, d'atténuer cette image de violence et de haine qu'ils voient à l'intérieur comme à l'extérieur, une image qui les déstabilise fortement et fait qu'ils ne distinguent plus entre le bien et le mal, ni entre l'ami et l'ennemi ou la qualité et le vice... Aujourd'hui, pour ces êtres innocents que sont nos enfants, la vie devient synonyme de violence, de guerre et de conflits continuels où la gentillesse et les valeurs morales n'ont plus de place.