Photo : M. Hacène Par Hassan Gherab La grille était tirée et cadenassée, barrant l'entrée du téléphérique qu'on devait emprunter à la station du Ruisseau pour grimper jusqu'au palais de la Culture. Pourtant, des employés de l'Entreprise des transports urbains et suburbains d'Alger nous avaient assurés qu'il était opérationnel ! Et pour trouver un taxi, autant essayer de faire de l'auto-stop à un TGV lancé à pleine vitesse. Cela relève du miracle, de l'impossible même. Il ne restait donc qu'à mettre un pied devant l'autre et parcourir la distance à pied. Un quart d'heure de marche et voilà le palais de la Culture. Dans le parking, il n'y a pas beaucoup de véhicules. Ça se confirme à l'intérieur. Devant nous, à l'entrée du grand hall éclairé par la lumière du jour qui passait par les grandes baies vitrées, un père avec ses deux enfants. Le seuil à peine franchi, la petite fille et le petit garçon se précipitent vers une table basse autour de laquelle d'autres enfants sont assis. Dès qu'ils arrivent à hauteur de la table, une animatrice leur présente deux petites chaises et les invite à prendre place en leur offrant deux images à colorier. Des crayons de couleur sont mis à la disposition des enfants. Cinq autres tables sont disposées dans le hall où les enfants peuvent aussi visiter le stand de la serre du palais de la culture qui présente un herbier, des pots de culture en pépinière, différents types de terreau, les procédés de culture en image… c'est un cours pratique de culture et d'environnement. De l'autre côté, il y a le stand des Petits débrouillards qui côtoie celui d'une association de Chlef, laquelle a apporté dans ses bagages un jeu d'éveil sur la protection de l'environnement. L'importateur de livres pour enfant Ediculture a, lui, dressé des présentoirs où s'alignent des livrets de coloriage, des contes, des encyclopédies juniors, des imagiers…Les enfants courent d'un stand à un autre, d'un côté à l'autre, sous le regard vigilant, non des parents assis dans un coin qui leur est aménagé, mais des éducatrices de la bibliothèque Kan ya makan du palais de la Culture, organisatrice de ces distractions. «Allez, les enfants, cachez vos dessins, vous les terminerez à la maison. Installez-vous devant la scène pour le spectacle», demandent les éducatrices à leurs protégés qu'elles accompagnent jusqu'à la petite scène aménagée au fond du hall où les autres employées de la bibliothèque ont déjà disposé les chaises. La directrice du palais de la Culture, Mme Z. Bouchentouf, est là, son regard balayant la salle pour voir si tout se passe bien. «Ce que nous faisons là, c'est un travail d'appoint à l'école. Le palais entend d'ailleurs travailler avec les écoles. Nous avons proposé nos services à tous les établissements scolaires alentour en leur offrant d'organiser pour eux, avec nos propres moyens et en mettant à leur disposition tous nos partenaires, des festivités et autres manifestations éducatives. Et notre proposition concerne toutes les écoles, pas seulement celles de Kouba ou d'Alger. La bibliothèque, qui reçoit des dons de différents organismes, se retrouve souvent avec des livres en deux ou trois exemplaires. Ces livres sont rassemblés et nous les offrons, gracieusement, aux bibliothèques des écoles qui nous contacteraient. Au-delà des manifestations que nous organisons à la demande du ministère de la Culture ou d'autres institutions, le programme du palais et ses actions, qui sont le fruit d'un travail d'équipe, sont principalement destinés aux enfants et aux jeunes, et nous ne demandons qu'à en faire profiter le maximum», dira la directrice que nous avons abordée dans le hall. Hélas, pour l'heure, il n'y a point de répondant, ou si peu. Les enfants qui fréquentent le palais habitent, en majorité, dans le voisinage. Quant aux écoles, on peut compter sur les doigts les directeurs qui pensent à faire profiter leurs élèves des programmes éducatifs, distractifs et culturels qu'élabore cette équipe entreprenante à leur intention. Rien ne les y oblige. Et pour peu qu'ils soient «coincés» dans ce schéma de gestion administrative, ils ne bougeraient pas le petit doigt pour apporter ce plus qui comblerait quelques-unes de ces nombreuses lacunes que l'école enregistre dans le domaine de l'éducation artistique des enfants. Il faudrait tout un travail multisectoriel en amont pour que les sorties pédagogiques et toutes les activités éducatives extra-muros soient introduites dans le programme d'éducation nationale, «institutionnalisées» et, surtout, financées. Le palais de la Culture ou toute autre institution, si volontaires et/ou riches soit-ils, ne pourront jamais assumer la mission et faire le travail de plusieurs ministères, de tout un Etat.