Demain s'ouvre à Addis-Abeba, un sommet africain qui sera encore une fois dominé par les conflits qui persistent dans le continent noir. Il n'y a pas une région de l'immense continent africain qui échappe, en vérité, à cette tragédie à répétition que sont les conflits qui endeuillent depuis de nombreuses années beaucoup de pays africains. Dès lors, le nouveau rendez-vous des chefs d'Etat et de gouvernement est tout tracé qui consiste, une nouvelle fois, à trouver des solutions à des contentieux qui mettent à mal le continent et le devenir de l'Afrique en équation. Tous les conflits qui ensanglantent le continent sont importants et méritent toutes les attentions des dirigeants africains, mais il y en a qui nécessitent cependant, des solutions urgentes, à l'instar du conflit du Darfour qui figure en tête de liste des préoccupations du sommet africain, celui de Somalie à l'ordre du jour africain depuis 16 ans, ou encore les dossiers des crises ivoirienne, tchadienne, centrafricaine, ougandaise, congolaise -où malgré les immenses progrès réalisés l'an dernier, notamment par l'élection d'un Parlement et d'un président de la République en la personne de Joseph Kabila, subsistent, néanmoins des foyers de tension comme ceux du Nord-Kivu et en Ituri, dans le nord-est de la RD du Congo- qui empoisonnent le débat sur le développement de l'Afrique. Outre ces antagonismes, les plus marquants que l'Union africaine suit depuis quelques années déjà, la situation menace également de se dégrader en Guinée Conakry et en Guinée Bissau, où grèves et manifestations ne manquent pas d'inquiéter les observateurs. Et il y a aussi le dossier trentenaire, celui du Sahara occidental, ou la communauté internationale, et partant l'Union africaine et l'ONU, sont interpellées, qui ne parviennent pas à faire appliquer au dernier territoire africain encore colonisé, les résolutions pertinentes de l'ONU et plus singulièrement la résolution 14-15 de juin 1960 sur le droit des peuples à l'autodétermination et à l'indépendance. Alors même que la Rasd (République arabe sahraouie démocratique) est depuis 1984 membre à part entière de l'OUA et cofondateur en 2000 de l'Union africaine (UA), cette dernière se suffit, annuellement -lors de son sommet- de faire le constat d'échec de ses démarches et du blocage, par le Maroc, d'un dossier qui aurait dû connaître son issue depuis des années. Ainsi, l'Afrique détient-elle le triste record du continent ébranlé par le plus grand nombre de conflits et où sont déployées le plus grand nombre d'opérations onusiennes de maintien de la paix dans le monde. A propos de l'ONU, notons que son nouveau secrétaire général, Ban Ki-moon, sera présent demain à l'ouverture des travaux du 8e sommet ordinaire de l'UA. L'Union africaine intervient, ou est déjà intervenue, au Darfour, où elle entretient une mission de paix de 7000 hommes dans la province soudanaise et au Burundi. Se pose, toutefois, pour l'UA, le problème de toute évidence insoluble du manque de moyens financiers et le sous-équipement de ses missions, ce qui a rendu leur efficacité aléatoire. Aussi, en dépit de ses efforts et surtout de sa volonté d'intervenir en vue de résoudre les conflits qui se posent au continent, l'UA se heurte tout aussi continûment au manque de moyens financiers et logistiques qui font qu'elle ne put, jusqu'ici, mener à bien, ou à terme, les missions dans lesquelles elle s'est pourtant totalement investie. A cet égard, Saïd Djinnit, commissaire africain à la Paix et la Sécurité, n'a pas manqué de souligner: «Il faut être réaliste, la Commission de l'UA n'a pas en l'état les moyens de gérer deux missions de maintien de la paix (Darfour et Somalie). Il est déjà irréaliste pour l'UA de déployer une mission comme celle du Darfour sur une période longue» et d'indiquer «nous pensons fortement que lorsqu'on déploie une opération de maintien de la paix, l'ONU devrait nous soutenir financièrement et logistiquement». Pour M.Djinnit, il s'agit d'une condition impérative, «compte tenu des montants en question, des centaines de millions de dollars» que coûtent ce genre de missions, argent dont l'Union africaine, qui dépend des donations de ses Etats membres, n'en dispose pas. L'UA risque même de ne pouvoir mettre sur pied la mission de sauvegarde prévue pour la Somalie, tant les candidats à l'envoi de contingents militaires ne se bousculent pas au portillon. De fait, sur les 53 Etats membres seuls, jusqu'à jeudi dernier, trois pays ont fait connaître leur disponibilité à envoyer des soldats en Somalie, qui sont l'Ouganda, le Malawi et le Nigeria. Aussi, beaucoup d'observateurs craignent que les conflits, ou plutôt la solution des conflits qui pose problème à l'Union africaine, viennent éclipser le thème officiel du sommet, centré cette année sur le changement climatique.