Un an après la mise en place de la Commission africaine, l'UA poursuit son processus d'édification. C'est demain que les chefs d'Etat et de gouvernement africains se retrouvent à Addis-Abeba pour la troisième session ordinaire de la conférence de l'Union africaine qui a pris la relève de l'Organisation de l'Unité africaine, en 2000, par la signature à Lomé (Togo) de l'Acte constitutif qui donnait naissance à cette nouvelle institution africaine plus adaptée aux défis auxquels est confronté le continent. Les conflits récurrents, le sous-développement durable empêchent un véritable décollage économique de l'Afrique qui souffre, par ailleurs, de maladies endémiques dont le sida devenu, en ce début du XXIe siècle, une plaie pour la quasi-totalité de l'Afrique australe. L'Union africaine a, aujourd'hui, devant elle un challenge que sa devancière, l'OUA (Organisation de l'Unité africaine) a été impuissante à relever. Contrairement à l'OUA, l'Union africaine est, depuis le sommet inaugural de Durban en Afrique du Sud, en train de se doter d'organismes à même de lui donner de jouer le rôle qui est attendu d'une telle institution et que l'OUA, faute d'un statut crédible, n'a pu assumer. Ainsi, à Durban, l'UA s'est donnée quatre organes-clés : la Conférence de l'UA, regroupant les chefs d'Etat et de gouvernement qui se réunissent une fois par an, la Commission africaine, qui remplace le secrétariat général, organe d'application des politiques de l'UA, le Conseil exécutif (regroupant les ministres) et le Comité des représentants permanents (ambassadeurs). Dans le processus de mise en place de l'Union, 17 organes, au total sont prévus et doivent être installés dans les prochains mois. Deux de ces organes ont déjà pris place, le Parlement africain composé de 180 membres, installé en mars dernier, a pour présidente la Tanzanienne Gertrude Mongella. Son rôle est pour le moment consultatif. Le deuxième organe à avoir été installé, le 25 mai dernier, est l'important Conseil de Paix et de sécurité (CPS) qui aura le même rôle, sur le continent africain, que le Conseil de sécurité de l'ONU au niveau international. Le CPS est présidé par l'Algérien Saïd Djinnit. Parmi ses prérogatives, le CPS aura celle d'envoyer des missions de paix dans tout pays membre de l'UA comme de proposer à la Conférence de l'UA le déploiement de forces armées africaines pour prévenir le génocide, les crimes de guerre ou même les crimes contre l'humanité. De fait, avant même de devenir opérationnel, la CPS avait déjà déployé en 2002, quelque 2700 soldats au Burundi où sévit depuis une décennie la guerre civile. Par ailleurs, des observateurs de l'UA sont actuellement présents aux Comores, d'autres surveillent, depuis le mois d'avril dernier, le cessez-le-feu au Darfour, région du Soudan où active une opposition armée. Dans le processus de parachèvement de ses organes, la 2e Conférence de l'UA, réunie l'an dernier à Maputo, (Mozambique) a élu à la présidence de la Commission africaine, pour quatre ans, l'ancien président malien, Alpha Oumar Konaré. Cette troisième session de l'UA sera encore marquée par les conflits qui minent le continent dont les guerres civiles au Soudan et en Côte d'Ivoire, l'imbroglio en RD du Congo seront les préoccupations primordiales des chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Addis-Abeba à partir de demain et jusqu'à jeudi prochain. Si, en Côte d'Ivoire la crise perdure et semble même s'aggraver, au Soudan la probabilité d'un accord entre Khartoum et la rébellion du Spla (Armée populaire de libération du Soudan) par la mise en place d'un cessez-le-feu définitif, entretient l'espoir de voir le plus long conflit africain (près de 23 ans de guerre civile) arriver enfin à son terme. La RDC, malgré les efforts de la communauté internationale et de l'UA, reste en proie à tous les soubresauts et les deux dernières tentatives de coup d'Etat, qui ont fragilisé davantage une transition qui n'arrive pas à se mettre en place, n'incitent pas à l'optimisme. Outre ces conflits, l'Afrique souffre encore d'une maladie récurrente: les coups d'Etat. Ainsi entre les deux sessions de l'UA de Maputo et celle qui s'ouvre demain à Addis Abeba, l'Afrique a enregistré trois coups d'Etat en Centrafrique, à Sao Tomé et Principe et en Guinée Bissau et deux tentatives, dont la dernière le mois dernier, en RD du Congo. Relevons également l'affaire des mercenaires arrêtés au Zimbabwe qui devaient, selon Harare, rejoindre des acolytes en Guinée Equatoriale pour y fomenter un coup d'Etat. Ainsi, plusieurs pays africains demeurent instables et sujets à des crises qui aboutissent souvent à des coups de force, comme cela a été le cas en 2002 en Côte d'Ivoire notamment. Aussi, l'Union africaine a-t-elle encore à assainir le climat délétère qui mine l'Afrique pour donner au continent de repartir sur des bases plus appropriées au développement dont il a besoin. Notons que le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika prendra part, du 6 au 8 juillet aux travaux de la conférence de l'UA.