Des personnalités irakiennes ont séjourné le dernier week-end à Bruxelles. Suite à une invitation du Parlement européen (P.E), une délégation de parlementaires, dignitaires et hautes personnalités irakiens s'est retrouvée à Bruxelles, le 30 janvier dernier, autour d'une «plate-forme de dialogue» pour le futur de l'Irak. Les représentants des communautés chiite, sunnite, kurde, qu'ils soient élus ou personnalités influentes ont été unanimes pour que l'Union européenne s'implique dans une solution juste pour l'Irak. Pour le président du Front du dialogue national au Parlement, M.Salah Al Motlak, tout est à refaire sur le plan politique: «Il faut une dissolution des forces actuelles de sécurité irakiennes, ainsi que du gouvernement d'Al Maliki, organiser de nouvelles élections, proposer une nouvelle Constitution et une loi de pardon aux anciens du parti Baas.» Pour lui, le gouvernement actuel attise le confessionnalisme et le régionalisme. «A titre d'exemple, les ministères de l'Intérieur et de la Défense sont aux mains de véritables milices au service de clans» a-t-il déclaré. Il estime, par ailleurs, que le problème de l'Irak est celui de la communauté internationale. «Car la guerre contre l'Irak a été décrétée malgré l'opposition des Nations unies» a-t-il précisé. Il revendique également, le retour des millions de réfugiés et les fonds financiers de l'Irak de l'étranger. De son côté, M.Khalaf Al Khakaf, président du Conseil du groupe du dialogue national au Parlement irakien, accuse ouvertement l'Iran dans l'escalade de violence. «En plus de l'agression américaine, ce sont les groupes armés et milices politiques sous contrôle de l'Iran qui poussent à la guerre dans le pays. Nous accusons le pouvoir et non le peuple iranien» a-t-il martelé, avant de rappeler que «les USA sont apparus aujourd'hui sous leurs véritables desseins, ceux d'un colonisateur et non celui d'un libérateur». Il préconise alors, «le départ des forces étrangères, l'arrêt des incursions iraniennes en Irak, le retour des réfugiés, le désarmement des milices et une conférence internationale sur l'avenir du pays.» Ensuite, l'orateur a affirmé que le grand danger pour toute la région et pour le monde d'ailleurs, «c'est le régime iranien qui soutient le terrorisme, les milices armées, développe un programme nucléaire militaire. Il intervient et complique la situation en Irak, au Liban -le Hezbollah- en Palestine...Le régime iranien est un programme contre la civilisation humaine.» Face aux premiers orateurs, le député et porte-parole du Parlement Kurde, M.Mohamed Salehi, dit Kamal Kirkouki, a, au contraire, souhaité le respect de l'actuelle Constitution irakienne: «Aujourd'hui, nous voulons vivre dans un Irak unifié. Nous ne sommes pas des séparatistes, nous sommes des fédéralistes. Nous, au Parlement kurde, nous cherchons désespérément la paix.» Et de rappeler: «Ce peuple -kurde- ne veut de violence contre personne, lui qui a vu sous le régime de Saddam Hussein 4500 de ses villages rasés, perdu 182.000 victimes. Rappelez- vous les 8000 Kurdes barzanis disparus en un jour! Nous disons, nous qui avons souffert plus que tout autre, qu'il faut aller vers le dialogue entre toutes les entités irakiennes, tel que proclamé justement, par l'article 140 de la Constitution actuelle.» Le représentant kurde a ainsi abondé dans le sens du gouverneur de la province de Diyala, M.Abdullah Rasheed Aljubori, considéré comme le doyen par l'assemblée parlementaire irakienne, qui a ouvert les débats et appelé au dialogue sans exclusive de tous les Irakiens. Ce dernier a lancé un appel à l'Europe, pour «aider les USA à s'en sortir de la guerre en Irak. Car, la guerre des USA contre l'Irak est aussi une guerre contre la civilisation européenne. Et l'échec des USA, c'est-à-dire de l'Occident, sera un échec pour l'Europe et ses valeurs, celles de la paix et des droits de l'homme» a-t-il déclaré. Le doyen des politiques irakiens, a également appelé, «l'Europe à intervenir face à l'Iran et son soutien au terrorisme, à l'extrémisme et aux manipulations des milices armées en Irak.» Il a fini par ce constat: «Constatant la passivité de l'Europe face au drame irakien, le monde musulman n'a plus la même considération de l'Europe et de l'Occident.» Alors que les débats et interventions suivaient leur cours, un personnage se déclarant représentant de la communauté turkmène d'Irak, a pris la parole dans la salle pour déclarer: «Où sont les représentants des 3 millions -2% de la population irakienne-? Ils se sentent marginalisés dans ce dialogue si important. Par ailleurs, je refuse d'ethniciser le peuple irakien en chiites, sunnites, kurdes, turkmènes...» Sur ce, le modérateur, le député européen, Paulo Casaca, lui promet que dorénavant les turkmènes seront représentés dans l'initiative du Parlement européen de mettre en place cette plate-forme de dialogue.