A y voir d'assez près, Al Anbar n'est pas éloignée de Falloujah, ces deux localités font partie de la même province, où les Américains constatent que chaque jour est un jour nouveau sans rapport avec celui qui vient de le précéder. Ils croyaient Falloujah soumise et pacifiée, mais force est de constater que cette ville demeure rebelle et refuse la résignation. Les Américains, qui y sont revenus hier avec leurs gros moyens, viennent de le vérifier. Après avoir perdu dimanche sept de leurs soldats, ils ont mené hier des opérations à l'aide d'avions qui ont pilonné cette localité déjà détruite par des semaines d'intenses bombardements. Des frappes aériennes ont touché le quartier Askari, dans l'est de la ville, et de larges colonnes de fumée pouvaient être vues dans cette zone. Ces bombardements interviennent après que neuf marines eurent été tués durant le week-end. Les marines ont été tués au combat dans deux opérations distinctes, a indiqué un communiqué militaire américain sans donner plus de détails. Les combats ont repris à Falloujah après un calme relatif qui a suivi l'attaque de novembre. A l'issue d'une offensive majeure sur Falloujah (50 km à l'ouest de Baghdad), lancée le 8 novembre dernier, pour reprendre la ville aux résistants, l'armée américaine était parvenue, selon elle, à chasser ou à tuer l'essentiel des combattants. La cité, dévastée, a été abandonnée par la quasi-totalité de ses quelque 300 000 habitants. L'Irak reste toutefois un immense champ de bataille que les données éparses traduisent mal. Et hier, un an jour pour jour après la capture de Saddam Hussein, un nouvel attentat à la voiture piégée faisait sept morts et dix-neuf blessés à Baghdad, dernier épisode d'une violence qui, loin d'être contenue, va croissant à l'approche des élections prévues pour le 30 janvier. L'explosion s'est produite à l'entrée dite des « entrepreneurs » par laquelle des Irakiens sous contrat avec le gouvernement et la force multinationale accèdent à la « Zone verte », le secteur ultra-protégé de la capitale. Un soldat de la Garde nationale a indiqué que le kamikaze était à bord d'une voiture qui attendait d'entrer dans la « Zone verte » et qui a fait exploser son véhicule « lorsqu'il a atteint le point de contrôle ». La « Zone verte » autour de l'ancien palais de la République abrite le siège du gouvernement et les ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne. Selon un porte-parole de l'armée américaine, l'explosion a détruit quatre voitures, mais n'a fait aucune victime dans les rangs de la coalition dirigée par les Etats-Unis. Dimanche soir, l'armée américaine a démenti que Saddam Hussein et onze dignitaires de l'ancien régime, détenus près de l'aéroport de Baghdad, étaient en grève de la faim, comme l'avait annoncé auparavant un de leurs avocats. Cela étant, ce qui s'est produit hier tranche en tout état de cause avec le débordement d'assurance de l'ancien administrateur américain Paul Bremer, qui avait déclaré à l'adresse des Irakiens : « Maintenant est arrivé le temps de regarder vers l'avenir, votre avenir, fait d'espoir, vers un avenir de réconciliation. ». Effectivement, l'arrestation de Saddam Hussein n'a pas fait cesser la violence, loin s'en faut, et celle-ci va croissant à l'approche des élections prévues pour le 30 janvier. L'ancien ministre algérien des Affaires étrangères Lakhdar Brahimi , qui matrise parfaitement le dossier irakien, sait parfaitement de quoi il parle quand il a établi en quelque sorte le constat d'impossibilité de tenir des élections dans un tel climat. D'ailleurs, des partis et des personnalités ont demandé le report de cette consultation. Dimanche, la principale formation politique sunnite, le Parti islamique irakien, a menacé de boycotter ce scrutin s'il n'était pas reporté. Le Parti islamique irakien s'était déjà associé à un appel de 17 partis et mouvements ayant demandé que ces élections soient reportées de six mois, jugeant leur tenue impossible dans le climat de violence actuel. D'autres craignent que ce scrutin ne soit pas entouré des conditions de probité. Ce sont surtout les chiites qui craignent qu'ils soient privés d'une victoire qu'ils sont sûrs de remporter au regard de leur poids démographique.