Un acquis, plutôt un coup d'accélérateur pour une Algérie en quête de transition économique. L'Union maghrébine des employeurs, créée le 17 du mois courant, siège à Alger. Son secrétaire général, en attente d'une désignation officielle est, également, un Algérien, tandis que la présidence tournante est assurée, pour l'année en cours, par le Tunisien, président de l'Utica, Hédi Djilani. Cette fusion économique des cinq pays du Maghreb, née des cendres d'une UMA en état stationnaire, aspire à une ouverture économique et, par ricochet, à la création d'un marché régional et une zone de libre-échange. Le pourcentage des échanges intermaghrébins demeure très insignifiant et ne dépasse pas les 3% des 105,7 milliards d'euros des échanges globaux des pays membres de l'UMA. D'où la mise sur pied de cette entité économique maghrébine qui s'avère être une nécessité absolue. Car, après tout, au-delà de toute «incompréhension» d'ordre politique, les pays de l'UMA sont condamnés plus que jamais à réussir l'intégration économique. La naissance, à Marrakech (Maroc), de l'Union maghrébine des employeurs (UME) est le fruit de treize mois de conciliabules et d'accointances. L'UME regroupe, selon toute vraisemblance, les cinq organisations patronales des pays de l'UMA (Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie et Libye). Elle s'est dotée de trois instances, à savoir l'Assemblée générale, le Conseil d'administration et le Secrétariat exécutif et dont les missions sont énumérées par les statuts portant création de cette nouvelle structure. Joint, hier, par L'Expression, le représentant algérien, Boualem M'Rakach, patron de la CAP, expliqua, depuis Marrakech, que le nouveau-né a, d'ores et déjà, arrêté son plan d'action à long terme. Il s'agit surtout de promouvoir l'emploi et créer ainsi, d'après les prévisions de l'UME, quelque 800.000 emplois, dont 80% dans le secteur privé des cinq pays. Le marché maghrébin, qui pèsera en 2025 quelque 107 millions de consommateurs, offrira de plus vastes possibilités que les seuls marchés nationaux. L'Algérie connaîtra, de son côté, si tout va bien, sa première expérience dans l'univers des importations hors hydrocarbures, fera savoir Boualem M'Rakach. En termes de chiffres, il est à rappeler que sur un montant de 137,1 milliards de dollars d'échanges commerciaux, 2,5% seulement sont échangés entre les pays du Maghreb, contre 66% avec l'Union européenne, 13% avec le reste des pays industrialisés et 19% avec d'autres pays. Les possibilités de partenariat économique s'offrent plus largement. Quelques exemples: l'UMA s'est prononcée favorablement pour la relance du projet de gazoduc Italie-Yougoslavie par la Tunisie. Prévue dès 1980, l'autre connexion énergétique euro-maghrébine vers l'Espagne via l'Algérie est en voie de réalisation. La Libye, la Mauritanie, mais aussi l'Algérie pourraient bénéficier, dans le domaine agricole, du savoir-faire et des mains-d'oeuvre tunisienne et marocaine. Deux pays à compétences reconnues dans le secteur de la pêche, la Tunisie et le Maroc pourraient aussi servir la Libye et la Mauritanie. En termes de relations avec l'Europe qui, faut-il le dire, a toujours privilégié des rapports ciblés au détriment d'une négociation directe avec une entité maghrébine, celle-ci va devoir se référer au principe de «l'intérêt commun».