Une poignée de terre à la main, il s'est adressé à la foule en martelant: «Cette terre (l'Algérie Ndlr) n'est ni à vendre ni à acheter, elle a ses héritiers!» Véritable incarnation d'un pouvoir personnalisé, Messali Hadj, s'est vu dépassé par de jeunes loups pressés d'en découdre avec la France coloniale. C'est dans la salle Bleue de la Bibiolthèque nationale d'El Hamma que s'est achevé l'hommage rendu à Messali Hadj. Un film documentaire retraçant son parcours a été partialement projeté, dans une salle clairsemée mais rehaussée cependant par des personnages historiques de la guerre de Libération nationale, Ali Mahsas, Louisette Ighil Ahriz et Ali Lagouni, militant nationaliste et ancien responsable du PPA/Mtld. L'enfermement, autrement dit la prison et l'exil auront sans conteste jalonné la vie du fondateur de l'Etoile nord-africaine Messali Hadj, accompagné dans son combat par une épouse française omniprésente qui décédera une année avant le déclenchement de la guerre de Libération en 1953. Né pour être jeté en prison, comme Ben M'hidi est né pour se sacrifier, l'itinéraire des deux hommes aura toutefois un point commun, l'indépendance de l'Algérie. Tribun hors pair, harangueur infatigable, son seul et unique souci était l'unité du peuple algérien qu'il comptait mener jusqu'à l'indépendance totale, l'affranchir définitivement de l'administration française et forger son identité autour d'une seule langue nationale, l'arabe et la religion musulmane. C'est dans le stade municipal d'Alger plein à craquer, actuellement 20-Août, que le 2 août 1936, après avoir failli être interdit de parole, n'était l'intervention du cheikh Ben Badis, qu'il a marqué d'une manière irrémédiable l'esprit des Algériens. Une poignée de terre à la main, il s'est adressé à la foule en tonnant: «Cette terre n'est ni à vendre ni à acheter, elle a ses héritiers!» Nationaliste avec des convictions internationalistes dues certainement à son engagement syndical au sein de la classe ouvrière française à son éveil à la lutte des classes et au marxisme mais aussi pour avoir eu à côtoyer Pierre Lambert Troskyte Français de la première heure, Messali a très tôt rompu avec la politique d'assimilation voulue, souhaitée par la France. Il a cependant envisagé une coopération d'égal à égal et des relations d'exception avec l'ancienne colonie, une fois l'indépendance de l'Algérie acquise. A l'image de couple exceptionnel qu'il a formé avec son épouse française. Ayant beaucoup cru au soutien de la classe ouvrière en France, Messali s'est senti trahi par la gauche française lorsque Léon Blum à la tête du Front populaire à peine arrivé au pouvoir, a décidé de dissoudre l'Etoile nord-africaine, la deuxième du genre. Aux antipodes des revendications du Parti du peuple algérien (PPA) qui fut un projet de loi du Front populaire sur propositions de l'ex-gouverneur d'Algérie, Maurice Violette, il prévoyait doter de la citoyenneté française 20.000 à 25.000 Algériens musulmans sans les priver de leur appartenance religieuse. Ce projet fut négocié avec les réformistes et le congrès musulman dont la délégation reçue à Paris fut menée par Bendjelloun. Messali Hadj l'a farouchement combattu, voyant en lui un instrument du colonialisme appelé à diviser le peuple algérien pour isoler les élites de la masse. Son combat pour l'accession à une indépendance totale de l'Algérie sera débordé par de jeunes loups pressés d'en découdre avec la France coloniale laissant comme un goût d'inachevé au parcours d'un homme, du militant révolutionnaire convaincu qu'aura jeté les prémices du passage à la lutte armée inévitable.