Les responsables sahraouis privilégient le dialogue. «Nous sommes disposés à ouvrir nos coeurs et à tendre la main à nos frères Marocains pour un avenir commun qui reste à construire», a déclaré l'ambassadeur de la Rasd, Son Excellence Mohamed Yeslem Beisat, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue hier au siège de son ambassade. L'ambassadeur de la République arabe sahraouie a débuté son allocution par la condamnation des attentats du 11 avril qui ont secoué la capitale et sa proche banlieue. C'est un Front Polisario revigoré par le rapport du secrétaire général des Nations unies, M.Ban Ki-moon, jugé satisfaisant qui se déclare prêt à assumer ses responsabilités historiques. Il se dit même prêt à renoncer à toute demande de dédommagements pour les destructions matérielles occasionnées par 18 longues années d'un conflit armé sur la base d'une stricte réciprocité. Le moment est au dialogue. Le Maroc a épuisé toutes ses tentatives de mise au pas du peuple sahraoui par la force.Les forces militaires d'occupation, malgré leur surarmement, n'ont pu venir à bout de ses aspirations légitimes à l'indépendance. Les dépassements, les violations des droits de l'Homme, la répression forcenée qui s'est abattue sur les manifestants sahraouis, les tortures, la revendication des prisonniers politiques à être traités convenablement sont autant de facteurs qui ont entraîné sympathies et condamnations de la part d'associations et organisations internationales. La parole est au dialogue et à la paix. «On veut aller au-delà de ce que le Maroc espère dans les domaines de la coopération économique, militaire et sécuritaire», a souligné l'ambassadeur. La paix au Sahara occidental est un gage de stabilité pour la région et un jalon supplémentaire pour la construction d'un Maghreb uni. «Nous faisons tout pour convaincre nos compatriotes et nos forces armées de la nécessité d'une solution pacifique», poursuit le diplomate sahraoui. Il juge par contre l'offre de règlement du conflit par la partie marocaine d'antidémocratique et égoïste. Un projet mort-né. Il dénonce son unilatéralisme. «Nous espérons que nos frères marocains saisiront cette occasion», souhaite-t-il en faisant référence à la proposition du secrétaire général de l'ONU. Et en cas d'échec? «Nous sommes disposés en priorité pour la paix. On ne peut abandonner nos droits fondamentaux. On est prêt à donner toutes les garanties au Maroc qui n'a rien à perdre mais tout à gagner», ajoute le conférencier. D'autre part, le président de la Rasd, M.Mohamed Abdelaziz, qui est intervenu hier matin, sur les ondes de la Chaîne III, a commenté en ce sens le rapport du secrétaire général des Nations unies. «Il s'agit d'un rapport normal et équilibré, car il maintient et insiste sur le fait que le problème du Sahara occidental est un problème de décolonisation et que sa solution réside dans le respect du droit des Sahraouis à l'autodétermination.» Il n'exclut cependant pas l'éventualité d'une reprise d'affrontements armés devant une situation de blocage car la position marocaine risque de faire avorter le processus de décolonisation. Tout le monde retient son souffle en espérant que l'un des derniers bations de la colonisation dans le monde disparaisse, cédant la place à une indépendance souhaitée depuis plus de trente ans, par le peuple sahraoui.