Les marcheurs n'ont pas manqué de dénoncer le recours à la violence comme expression. A l'appel de la quasi-totalité des personnalités politiques, culturelles, religieuses et scientifiques, des organisations de masse, du mouvement associatif et des partis, deux marches populaires ont eu lieu hier à Béjaïa. Ces deux manifestations ont un seul point commun: la dénonciation des attentats terroristes. Quant au soutien à la réconciliation, un léger différend est à relever. Quelques milliers de citoyennes et citoyens (2000 selon la police et 5000 selon les organisateurs) ont battu le pavé de l'avenue de l'ALN qui sépare l'esplanade de la Maison de la culture de Béjaïa du siège de la wilaya. Scandant des slogans condamnant le terrorisme et soutenant la réconciliation nationale, la procession humaine, quelque peu désorganisée, s'est ébranlée du carrefour Aâmriw aux environs de 10 heures. Dans les carrés, on pouvait distinguer le RND avec à sa tête Omar Allilat, le FLN, le PT et la liste conduite par Louhab Khoulallen, l'Ugta avec ses différentes fédérations, les travailleurs communaux, les fonctionnaires, les organisations de masse dont l'ONM et les enfants de chouhada qui avançaient par petits carrés et calmement jusqu'au siège de la wilaya. Le RCD et le FFS ont brillé par leur absence. Une déclaration de circonstance a été lue à l'assistance pour résumer, en trois mots, les objectifs de la marche. Les marcheurs n'ont pas manqué de dénoncer le recours à la violence comme expression. La réaction, quoique timide, a permis à Béjaïa de marquer son point dans ce mouvement national de rejet du terrorisme et de condamnation des attentats terroristes qui ont frappé la capitale. Les propos des marcheurs étaient à l'image de ceux recueillis au lendemain des attentats kamikazes ayant ciblé le Palais du gouvernement et le commissariat de Bab Ezzouar dans la banlieue d'Alger. Il faut reconnaître que les derniers attentats-suicide perpétrés dans Alger, ont incontestablement, laissé de profondes séquelles dans l'esprit des Algériens, une angoisse persistante continue à empoisonner leur quotidien où la peur et la suspicion dominent depuis. Les fausses alertes qui deviennent récurrentes y sont pour beaucoup de cette faible mobilisation et confortent, malheureusement, cet état d'esprit. Cela n'a pas empêché, pour autant, les Béjaouis de réitérer, à l'instar des citoyens des autres régions du pays, la condamnation de ces actes ignobles et de se démarquer de la ligne qu'on veut leur dicter. Pendant ce temps, les étudiants ont décidé de marcher en solo de l'autre côté de la ville. Hier, en effet, ils étaient quelques milliers à marcher des kilomètres, soit du campus Aboudaou jusqu'au siège de la wilaya, pour dire, eux aussi, et à leur manière, «Non au terrorisme». La condamnation des attentats perpétrés à Alger était sur toutes les lèvres.