Une enveloppe de quatre millions de dinars a été dégagée à cet effet. La reconnaissance! La demeure de Abane Ramdane sera transformée en musée. Une enveloppe de 4 millions de dinars a été dégagée pour restaurer la maison de l'architecte du congrès de la Soummam, sise à Azzouza, à Larbaâ Nath Irathen. Pour ce faire, un bureau d'études a été choisi pour mener la tâche à bon port. Cette décision a été prise par le premier magistrat de la wilaya de Tizi Ouzou, après avoir reçu l'aval d'une commission ad hoc. Le coup d'envoi de la restauration du site a été donné samedi dernier. La date coïncidait avec la célébration de la Journée nationale de l'étudiant. Ce geste est, unanimement, considéré comme une reconnaissance, à juste titre d'ailleurs, à celui qui s'est consacré au service de son pays alors en quête du recouvrement de son indépendance. De par cette action, les pouvoirs publics semblent animés d'une volonté de rendre à César ce qui appartient à Jules. Parler d'un homme de la trempe de Abane, nous oblige à revenir sur sa vie. Né le 10 juin 1920 à Azzouza, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen et issu d'une famille modeste, il obtient son baccalauréat en mathématiques au lycée Duveyrier de Blida. Ce héros de la guerre de Libération était doué d'une lucidité et d'une intelligence hors du commun. L'unité nationale était son credo. Il n'a, à cet effet, pas hésité à couper court avec l'administration coloniale où il a travaillé comme secrétaire à la commune mixte de Chelghoum Laïd. Abane s'est consacré, corps et âme, à la cause nationale au sein du PPA avant de rejoindre le Mtld. Il est désigné responsable de wilaya, d'abord dans la région de Sétif puis dans l'Oranie. Durant cette période, ce nationaliste averti était membre de l'Organisation spéciale (OS), chargé de préparer la révolution. Il est recherché par les services de sécurité français. Il est arrêté en 1950, pour n'être jugé qu'une année plus tard, en 1951. Après avoir subi plusieurs semaines d'interrogatoires et de tortures, il est condamné à 5 ans de prison. Abane est régulièrement tenu au courant des préparatifs du déclenchement de la guerre de libération nationale. Il est même désigné d'office comme l'un des douze membres d'un comité chargé de prendre en main les destinées de la résistance algérienne contre le régime français, pour l'indépendance de l'Algérie. Après sa sortie de prison, en janvier 1955, il entre en clandestinité et prend en charge la direction politique au niveau de la capitale. Grâce à sa lucidité, il aura vite une grande influence au sein de l'organisation. Son appel du 1er avril 1955 à l'union et l'engagement du peuple algérien, signe l'acte de naissance d'un véritable front de libération et son émergence en tant que mouvement national. Pour donner une grande dimension au mouvement de résistance, Abane consacre son énergie à organiser et rassembler toutes les sensibilités politiques algériennes au sein du FLN. Au congrès de la Soummam, il a fait adopter un statut où l'ALN devait se soumettre aux lois de la guerre et dans lesquelles sont affirmées les primautés du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur. Abane Ramdane a été exécuté, en 1957, au Maroc. Les propos de l'écrivain et historien, Mouloud Mammeri, qui écrivait que «l'Histoire est faite de cendres et de sang» de même que «toute Révolution a ses propres blessures» trouveront certainement des échos dans le cas de Abane Ramdane.