Le choix de Ghraieb n'est pas définitivement arrêté. Certaines parties influentes pourraient lui préférer une ou deux autres personnalités qui bénéficient, dit-on, d'appuis solides dans la sphère de décision. Dans les coulisses de l'APN, on joue le dernier quart d'heure de la partie. Chacun des leaders cherche à tirer son épingle du jeu. Cette APN, si elle pose beaucoup d'interrogations, suggère, néanmoins, des hypothèses et des scénarios capables de chambarder le jeu subtil de la politique tel qu'il a été pratiqué à ce jour. Fraîchement élue, la nouvelle Assemblée populaire nationale sera installée demain. Pour sa première réunion, l'APN sera présidée, comme le stipule la loi, par le député le plus âgé. Il sera assisté par les deux plus jeunes parlementaires. Omar Belmahdjoub, 80 ans, tête de liste du FLN dans la wilaya de Chlef, présidera ainsi la première séance plénière de la sixième législature. Cela en vue de former un bureau provisoire qui sera dissous juste après l'élection du nouveau président de l'APN. Cela, conformément à l'article2 du règlement intérieur de l'instance législative. Une fois l'opération de validation des mandats terminée, les députés seront appelés à l'élection du président de l'APN. Une opération qui «pourrait intervenir après-demain lundi». Cette sixième législature se distinguera-t-elle de la précédente? Une chose est sûre, la nouvelle Assemblée s'annonce particulière. Les élections du 17 mai ont suscité une large polémique. Elles ont été marquées par un taux d'abstention jamais égalé depuis l'indépendance. On a même crié à la fraude et au bourrage des urnes. Ce qui relance le débat sur la légitimité même de cette législature. Egalement, la configuration de la nouvelle Assemblée ne sera pas la même. Le FLN, ayant perdu sa majorité, ne pourra plus «dicter sa loi» aux autres partis. Ceux de l'Alliance notamment. La formation de Belkhadem devra, désormais, chercher les voix nécessaires à l'approbation d'un projet de loi chez les autres formations siégeant à la chambre basse. Seule une Alliance permettrait, ainsi, au FLN de retrouver sa force perdue. Cependant, d'autres questions s'imposent: qui occupera le perchoir de l'assemblée? Concernant justement le nom du prochain président, c'est toujours le flou. Des noms circulent, mais rien n'est officiel. Dans les coulisses du FLN, Abdelaziz Ziari, ministre chargé des Relations avec le Parlement et l'ambassadeur Abdelkrim Ghraieb, tête de liste FLN à Tébessa, sont les principaux favoris. Selon les observateurs, il serait plus judicieux d'attendre le choix du président de la République. Abdelaziz Bouteflika doit porter un regard pointu sur le troisième homme de l'Etat. D'après les mêmes sources, il serait même l'«homme providentiel» capable de redorer le blason de la chambre basse. Les mêmes observateurs donnent M.Ghraieb déjà favori à la succession de Amar Saâdani. Ces derniers estiment que le député de Tébessa répond parfaitement au profil recherché pour occuper le perchoir. Il est plus expérimenté. Il possède une riche expérience dans les relations internationales. Il a participé, en 1980, alors qu'il était ambassadeur d'Algérie à Téhéran, à la médiation pour la libération des otages américains capturés par l'Iran. M.Ghraieb a aussi été ambassadeur d'Algérie en Arabie Saoudite. Par ailleurs, en février 2007, il a participé à Alger aux négociations dans le conflit opposant les rebelles touareg et le gouvernement malien. Il était, alors, ambassadeur au Mali. Son dernier poste avant de se présenter aux législatives. C'est ce qui d'ailleurs conforte la thèse de sa nomination à la tête de l'APN. Car on n'interrompt pas aussi facilement une carrière diplomatique jalonnée de succès, que lorsqu'on est sûr d'avoir une «promotion». Celle de troisième homme de l'Etat. M.Ghraieb est considéré comme l'un des meilleurs diplomates qu'a connus le pays. Cependant, les jeux sont-ils faits? D'autant plus que le choix de M.Ghraïeb n'est pas définitivement arrêté. Certaines parties influentes pourraient lui préférer une ou deux autres personnalités qui bénéficient, dit-on, d'appuis solides dans la sphère de décision. A noter que même le MSP revendique la présidence de l'Assemblée. Le mouvement a d'ores et déjà inscrit cette question «parmi ses priorités». Par ailleurs, même au niveau des commissions parlementaires, un large changement est attendu. La plupart des présidences et vice-présidences de commissions permanentes partagées, jusque-là, entre le FLN et le RND seront ouvertes à d'autres forces politiques. Le MSP veut rentrer comme élément de cette équation. Le jeu est très serré. Comme il est donc «quasi impossible» d'accorder le poste de troisième homme d'Etat à un parti islamiste, le MSP tente, ainsi, de marchander la présidence des commissions parlementaires. Le parti de M.Soltani, fait du marchandage aussi sur les portefeuilles ministériels. Un rapprochement entre le RND et le MSP n'est pas à écarter, afin de contrecarrer le FLN. Même si les choses ne sont toujours pas évidentes, connaissant les divergences idéologiques entre les deux partis. La prochaine configuration du gouvernement reflètera-t-elle celle de la nouvelle APN? Les négociations restent serrées dans les coulisses. Le prochain réaménagement pourrait ne concerner que quelques départements. Cela même si, le président de la République, M.Bouteflika a exprimé son «mécontentement» sur la gestion de l'actuel gouvernement. Bouteflika cherche à achever son programme d'ici 2009. Le chef de l'Etat veut continuer sur cette lancée. Il a constaté, ces derniers temps, le ralentissement des travaux dans plusieurs secteurs. Seuls quelques départements, qu'on peut compter sur les doigts d'une seule main, assument pleinement leurs missions. A la lumière de ces données, on suppose un partage équilibré, que ce soit au sein du gouvernement qu'au niveau de l'APN. Par ailleurs, des chantiers fort importants attendent la nouvelle Assemblée. La révision de la Constitution; sujet suspense. Va t-on adopter la loi portant révision de la Constitution durant la session d'automne? Fort probable. Pour permettre au chef de l'Etat de briguer un troisième mandat en 2009, la présente question doit être débattue lors de la prochaine session. Le temps presse. Même si la révision de la Constitution partage même les partis de l'Alliance. Passera ou passera pas par la voie du référendum, cette révision doit passer par l'APN. L'autre épreuve importante est la loi de finances 2008. Chaque parti va pouvoir mesurer le degré de ses engagements. C'est l'heure de tenir les promesses électorales. On évoque, également, la présentation d'un texte portant la révision de la loi électorale que les partis politiques revendiquent.