Il faut cesser de regarder uniquement vers l'autre rive de la Méditerranée. Des opérateurs économiques tunisiens viennent d'exprimer sérieusement leur intention de venir investir en Algérie. Quoi de plus normal? dirait-on. Malheureusement, la réalité est tout autre. Depuis des années, que ce soit en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, des appels à l'intégration économique maghrébine n'ont jamais cessé. Depuis des années, les intentions existent, la volonté de donner corps à un marché économique maghrébin ne fait pas défaut, mais les contingences extra-muros et, pourquoi pas, quelques «malentendus» ont toujours constitué un obstacle. Rêve caressé dans le feu de la lutte de Libération nationale. La transition laborieuse au Maroc, le terrorisme en Algérie et les nombreuses tentatives d'introduire la fitna en Tunisie ont paralysé les volontés et maintenu les industriels et les hommes d'affaires maghrébins les plus téméraires dans une situation de stand-by pénalisante. Le séjour à Constantine d'une délégation tunisienne, composée de chefs d'entreprises spécialisées dans le bâtiment, est venu rappeler à tout le monde qu'il faut cesser de regarder uniquement vers l'autre rive de la Méditerranée. Historiquement, Constantine a plus que des liens avec la Tunisie. C'est avec cet état d'esprit que les Tunisiens sont venus pour dire: «Les Chinois ont envahi Constantine et il n'y a pas de raison que nous, Tunisiens, ne relèverons pas le défi de nous impliquer davantage dans l'effort de développement de l'Algérie», souligne un des participants. Constantine est devenue, depuis quelque temps, un grand chantier. Des milliers de logements et d'infrastructures sont en projet. Il est donc tout à fait normal que des entreprises tunisiennes, qui ont fait leurs preuves et exportent déjà, s'intéressent à cette perspective. «Nous sommes décidés à venir travailler en Algérie et embaucher des jeunes. Même les attentats, qui ont secoué récemment Constantine, ne nous ont pas découragés. Nous sommes là et nous sommes prêts à aider les entreprises algériennes à investir en Tunisie», déclare Ryadh Mahdjoub, un des principaux organisateurs de cette prise de contact algéro-tunisienne. En dehors d'une perspective d'intégration maghrébine, point de salut pour le Maghreb. Tel semble être le mot d'ordre de nombreux investisseurs algériens et tunisiens.