Les habitants affirment que la situation perdure depuis plus d'une année, et qu'ils avaient alerté la Sonelgaz, en vain. Trois morts, quatre blessés, et d'importants dégâts matériels, c'est le bilan qu'on déplore de l'explosion d'une canalisation souterraine de gaz mitoyenne à un immeuble à la cité des 550 logements à Aïn Allah, à Alger. L'explosion a été signalée vers midi, dans un local commercial, d'environ 25 m2, situé au rez-de-chaussée d'un immeuble de sept étages. A l'origine de ce drame, qui a frappé cette paisible cité, une fuite de gaz. Outre les dégâts humains cités, l'explosion a détruit sept locaux commerciaux mitoyens. L'appartement situé au-dessus du local où a eu lieu l'explosion, est complètement «éventré». La dalle défoncée, laissait place à une odeur nauséabonde émanant d'un égout éclaté. Les suintements vont directement dans la cave remplie de décombres. Les agents de la Protection civile, assistés par les éléments de la police scientifique, sont à pied d'oeuvre. Ils essaient de déterminer l'origine de l'explosion. Pourtant, les habitants sont catégoriques: l'accident est dû à une fuite de gaz. Et la situation dure depuis plus d'une année. Les citoyens, rencontrés sur les lieux affirment avoir vainement fait appel à la Sonelgaz. Hier, les habitants de la cité des 550 logements avaient tous la tête près du bonnet. Ils étaient tous à bout de nerfs. Le moindre petit geste déplacé risque de les faire sortir de leurs gonds. Il suffisait de peu pour que la situation dégénère. Tous, sans exception, pointent un doigt accusateur sur la Sonelgaz. «C'est de la négligence totale!» crie un jeune, à bout de nerfs. «Mon ami est mort! C'est moi qui l'ai évacué...» crie-t-il encore avant de s'effondrer en larmes. Quelques minutes plus tard, il est saisi d'un tremblement, avant de s'évanouir. «Il a évacué deux morts, maintenant il est traumatisé, il ne pourra certainement pas se remettre de son traumatisme», nous dit un voisin. «Pourquoi tant de négligence? Pourquoi continue-t-on de mettre les hommes qu'il ne faut pas à la place qu'il ne faut pas? Où est l'Etat?» se demandent encore les habitants de la cité des 550 Logements, sous le choc. Ils affirment, tous, que des agents de la Sonelgaz sont venus mercredi dernier pour s'enquérir de la situation, mais ils «ont affirmé que ce n'était pas aussi dramatique et ils sont repartis». Cette négligence est grave et impardonnable. Il y a lieu maintenant de se demander si Sonelgaz joue réellement son rôle. Sinon, comment explique-t-on le fait qu'on ait attendu que les choses tournent au drame? Pis encore, à en croire les témoignages recueillis sur les lieux, les différentes agences de Sonelgaz (celles d'El Biar, Alger-Centre et Ben Aknoun) se renvoient la balle. Chacune affirme que la cité des 550 Logements ne relève pas de ses compétences. Jointe hier par L'Expression pour avoir la version des faits, la chargée de la communication auprès de la Société nationale de l'électricité et du gaz, Mme Manel Aït Mekidèche, écarte d'un revers de main les thèses avancées par les habitants de la cité des 550 Logements. Notre interlocutrice affirme que les agents de la Sonelgaz se sont bel et bien déplacés sur les lieux où la fuite a été signalée. «Ils n'ont pas réussi à situer la fuite, parce qu'ils n'ont décelé aucune odeur. Ils ont, donc, fini par comprendre que la fuite provenait d'ailleurs et que l'odeur est drainée par les eaux usées», affirme Mme Aït Mekidèche. Se fiant aux rapports établis par les agents de la Sonelgaz, elle insiste que l'odeur s'est accumulée dans les fosses septiques, ce qui a donc provoqué l'explosion. «Le problème de l'aération des fosses septiques est très sérieux. La cité des 550 Logements n'est pas la seule à en pâtir, mais l'ensemble des villes algériennes», estime la chargée de la communication auprès de Sonelgaz. A la cité des 550 Logements, l'ambiance est insoutenable. Les habitants sont victimes de la bêtise humaine. Et ce cas n'est pas le seul. N'est-il pas temps de prendre sérieusement en main les problèmes dont souffrent les citoyens?