Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Les habitants de la cité Chevalley, dans le quartier Climat de France, à Alger, sont sous le choc. Hier, une violente explosion de gaz a secoué les bâtiments vétustes de cette cité populaire qui sert de «dortoir» à des centaines de familles aux revenus très modestes. Il faut savoir que dans cette cité, située dans la commune de Oued Koreiche, l'une des communes les plus pauvres de la wilaya d'Alger, les conditions de vie ne sont guère enviables. Datant d'avant l'indépendance, l'état piteux des bâtiments des Barreaux rouges, comme l'appellent communément les Algérois, n'a cessé de se dégrader au fur et à mesure des années. En plus, sur les terrasses, les constructions anarchiques se sont multipliées ces derniers temps. Des familles voulant se libérer de l'exigüité de leurs studios ont squatté ces terrasses sans se rendre compte des dangers qu'ils encouraient en habitant de tels lieux, non conformes aux normes de l'urbanisme. C'est dans ce contexte que ce grave incident est venu, encore une fois, assombrir le quotidien misérable de ces habitants dont la vie est déjà rythmée par la délinquance et le diktat des bandes rivales des quartiers environnants. Ainsi, hier matin à 8h50, une violente déflagration a carrément éventré la façade du bâtiment 8, suscitant un climat de panique dans toute la cité. Un climat qui terrorisera tous les habitants lorsqu'ils s'aperçoivent que pas moins de 6 appartements ont été durement touchés par la puissance de l'explosion et le feu. En tout et pour tout, deux appartements du dernier étage ainsi que quatre maisonnettes bâties sur la terrasse se sont effondrées en quelques instants comme un château de cartes. Les services de la Protection civile qui se sont rendus rapidement sur les lieux du sinistre ont, eux aussi, constaté avec effroi l'étendue des dégâts. En quelques heures, pas moins de 4 morts ont été déplorés, deux femmes et deux hommes, et une quinzaine de blessés, dont certains sont dans un état grave. Ils ont aussitôt été transférés aux hôpitaux Lamine Debaghine (Bab El Oued) et Birtraria (El Biar). Il est à noter qu'un impressionnant tohu-bohu régnait aux alentours de la cité dès le début des interventions des éléments de la Protection civile qui tentaient, tant bien que mal, de concentrer tous leurs efforts pour sauver les personnes bloquées sous les gravats de l'immeuble. Selon les témoignages des rescapés, une famille entière demeurait coincée sous les décombres. Il est à préciser à ce propos qu'à l'heure où nous mettons sous presse, ce bilan «demeure encore provisoire, en raison de la gravité de l'état de plusieurs blessés», indiquent les responsables de la Protection civile. Selon ces derniers, le sinistre se serait produit suite à une fuite de gaz survenue au niveau supérieur d'un bâtiment de trois étages, provoquant d'importants dégâts aux appartements ainsi qu'à quatre habitations illicites construites sur la terrasse de l'immeuble. Or, les services de la compagnie Sonelgaz ont nuancé cette version en nous déclarant, via le chargé de communication de la compagnie publique, Meziane Khelil, que l'explosion en question est due à l'utilisation imprudente d'une bouteille de gaz butane. Une explication récusée en bloc par les habitants du bâtiment qui ont dénoncé ce qu'il leur paraît comme un mensonge des services de Sonelgaz car ils assurent que plusieurs voisins ont appelé la compagnie publique pour lui signaler d'importantes fuites de gaz provenant d'un appartement du troisième étage du bâtiment 8. Cela dit, les représentants de Sonelgaz présents sur les lieux ont persisté à dire qu'aucun appel n'a été enregistré par les centres de leur compagnie. Quoi qu'il en soit, un sentiment de colère a vite gagné les esprits des habitants de la cité Chevalley qui estime être abandonnés à leur triste sort. «Si les services de la Sonelgaz étaient intervenus à temps, on aurait pu éviter ce drame. Mais, malheureusement, personne ne se soucie de la vie des habitants de Climat de France», tonnent les habitants qui nous ont exposé avec beaucoup d'amertume leur calvaire dans une cité désuète qui nécessite de sérieux travaux de réhabilitation. Va-t-on enfin se pencher sur leurs problèmes ?