L'Organisation internationale Crisis Group estime que le projet présenté par Rabat est «nettement insuffisant». A une semaine de l'ouverture des négociations directes, sous l'égide de l'ONU, le 18 juin en cours, à New York, le président sahraoui a adressé une lettre au secrétaire général de l'ONU. Dans sa missive, Mohamed Abdelaziz affirme à M.Ban Ki-moon, que le Front Polisario engagera avec une «volonté sincère» les négociations avec le Maroc, en vue de la «décolonisation du Sahara occidental». Il considère que le peuple sahraoui doit exercer «son droit légitime à l'autodétermination, conformément au Droit international, à la Charte et aux résolutions de l'ONU». Dans sa lettre, le président sahraoui a informé le secrétaire général de l'ONU de la composition de la délégation sahraouie aux négociations de Manhasset. Comme il a mentionné les noms des négociateurs sahraouis, qui prendront part à la rencontre de Manhasset. Celle-ci sera conduite par le président du Parlement sahraoui, M.Mahfoud Ali Beiba, qui sera accompagné de MM.M'hamed Khadad, Brahim Ghali, Boukhari Ahmed, Bechir Sghair et Sidi Oumar tous membres de la direction du Front Polisario. Il s'agit de la même délégation qui a conduit les négociations d'Houston entre les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, sous les auspices de M.James Baker, l'ancien envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU. A noter que le Maroc et le Front Polisario ont été appelés par le Conseil de sécurité de l'ONU, dans sa résolution 1754 du 30 avril dernier, à engager de bonne foi, et sans conditions préalables, des négociations directes, sous les auspices de M.Ban, «en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Dans cette résolution, le Conseil de sécurité de l'ONU a refusé d'endosser le projet d'autonomie de Rabat, prenant seulement note de l'initiative marocaine, de même que de celle présentée parallèlement par le Front Polisario. Le Conseil de sécurité a, également, demandé au secrétaire général de l'ONU de lui présenter, d'ici au 30 juin, un rapport sur l'état de ces négociations sous ses auspices et des progrès réalisés, et a exprimé son intention de se réunir pour recevoir et examiner ce rapport. Par ailleurs, après le désaveu de la communauté internationale au projet marocain, c'est au tour des organisations internationales de prendre position. Cette fois, c'est l'International Crisis Group (ICG) qui se met de la partie. Cette organisation non gouvernementale multinationale, dont la mission est de prévenir et résoudre les conflits meurtriers grâce à une analyse de la situation sur le terrain et des recommandations indépendantes, estime que le projet présenté par Rabat est «nettement insuffisant». Avant d'ajouter que le document «doit prendre en compte les intérêts du Polisario et de l'Algérie.» Ces conclusions favorables à l'autodétermination du peuple sahraoui, sont publiées dans deux études. Cependant, l'International Crisis Group indique que «l'optimisme concernant les négociations du 18 juin risque d'être prématuré car les données du conflit n'ont pas changé. Le Conseil de sécurité de l'ONU se trouve devant un dilemme», selon cette organisation basée à Bruxelles et spécialisée dans l'analyse et la résolution des conflits.