Le Conseil de sécurité a tranché, lundi, dans le contentieux sahraoui en réitérant la nécessité de négociations devant aboutir à l'autodétermination. La résolution 1754 du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental adoptée remet les choses à l'endroit et renvoie les deux parties à des négociations directes sous l'égide du secrétaire général de l'ONU, cette dernière décidant, selon le point 9 de la résolution 1754, de «rester saisie de la question (sahraouie)». Le Front Polisario obtient ainsi satisfaction comme il le demandait dans le projet déposé le 10 avril dernier auprès du secrétariat des Nations unies, par la réaffirmation par le Conseil de sécurité de la nécessité de négociations directes sous l'égide du secrétaire général de l'ONU entre les deux parties (le Maroc et le Front Polisario) pour arriver à l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. En préambule, la résolution 1754 excipe que «Le Conseil de sécurité, rappelant ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental, réaffirme son ferme appui aux efforts faits par le Secrétaire général et son Envoyé personnel» de même qu'il réaffirme «sa volonté d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies, et notant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard». En d'autres termes, le Conseil de sécurité réitère le fait que la question du Sahara occidental demeure un problème de décolonisation soumis «aux principes énoncés par la Charte des Nations unies», ce qui veut dire le droit des peuples coloniaux à l'autodétermination et à l'indépendance. Cette définition répond pleinement aux conditions actuelles du Sahara occidental occupé par un pays tiers, le Maroc. En revanche, il n'est fait nulle référence au terme «d'autonomie» comme souhaité par Rabat dans le projet déposé le 11 avril auprès du secrétariat général de l'ONU. Certes, il est indiqué dans le préambule que le Conseil de sécurité à pris «note» de la proposition marocaine (présentée le 11 avril 2007) et également de celle du Front Polisario (déposée le 10 avril 2007) mais sans en faire la «base» de négociations comme le réclamait le Maroc et ses soutiens américains, français et espagnols. Le seul cadre de négociations entre le Front Polisario et le royaume chérifien, réaffirmé par la résolution 1754, reste donc celui défini par les résolutions antérieures et énoncé par la Charte de l'ONU avec comme finalité l'organisation d'un référendum lors duquel le peuple sahraoui aura à déterminer son avenir futur. Cette autodétermination du Sahara occidental doit en toute logique aboutir à l'indépendance du dernier territoire africain encore soumis au joug du colonialisme et de l'occupation. Notons que le Maroc, qui clamait sa «satisfaction» suite au communiqué du Conseil de sécurité fait à l'évidence une lecture biaisée de la résolution 1754 qui, en réalité consacre on ne peut plus clairement le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Dans une déclaration à une agence de presse, le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Taeib Fassi Fihri, a indiqué qu'il s'agit, selon lui, d'une «résolution de fond et de substance par laquelle le Maroc voit ses efforts récompensés et salués et voit aussi son initiative sur l'autonomie nettement mise en exergue par le Conseil de sécurité». «La proposition d'autonomie, conforme aux standards internationaux est crédible et définitive et le Maroc se voit ainsi clairement privilégié en prévision des négociations à venir». Or, rien de tel n'apparaît dans la résolution du Conseil de sécurité laquelle stipule dans son préambule avoir pris «note de la proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 au secrétaire général et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement, prenant note également de la proposition du Front Polisario présentée au secrétaire général le 10 avril 2007» ne mentionnant d'aucune façon «l'initiative d'autonomie» marocaine. Nulle part, en effet, n'est mentionné le terme «d'autonomie» et Rabat semble bien faire une lecture personnelle de la résolution qui appelle effectivement les deux parties (le Maroc et le Front Polisario) à négocier sous l'égide de l'ONU comme souligné dans la résolution 1754. A l'évidence le ministre marocain se réfère à une résolution autre que celle que nous avons sous les yeux transmises par les agences de presse et comportant, outre le préambule neuf articles. Donc, le projet «d'autonomie» est en fait définitivement enterré quelque soit la lecture que Rabat veut bien faire d'un texte onusien qui consacre en fait la légalité internationale qui est et reste le droit des peuples coloniaux à s'autodéterminer. Tout le reste n'est que fabulation sans intérêt pour la suite des évènements, d'autant plus que le Conseil de sécurité a chargé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de suivre de près les négociations projetées entre le Front Polisario et le Maroc et d'en présenter un rapport le 30 juin prochain. C'est dire si le temps presse pour le Maroc d'autant qu'il n'y a plus d'échappatoire pour Rabat que celle de revenir à la légalité internationale par l'ouverture de négociations avec le Polisario en vue de l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Outre la réaction du Maroc, le Front Polisario a également accueilli avec «satisfaction», la confirmation par le Conseil de sécurité du droit des Sahraouis à l'autodétermination. Réagissant à chaud, le coordinateur du Front Polisario avec la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) M'Hamed Khadad a déclaré, lundi, que la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, «consacre, de manière définitive, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination comme étant le socle sur lequel doit se fonder la solution juste de ce conflit». M.Khadad, a aussi dit, dans une déclaration à New York, que le Conseil de sécurité «confirme, par la même, la justesse de la cause du peuple sahraoui» et «réaffirme, avec clarté son attachement à la légalité internationale telle qu'incarnée par les résolutions des Nations unies et la doctrine et la pratique de l'ONU en matière de décolonisation». De même, l'Algérie s'est félicitée du «sens élevé des responsabilités» du Conseil de sécurité indiquant dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères que «L'Algérie se félicite du sens élevé des responsabilités démontré, une fois de plus, par l'organe principal des Nations unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales et salue la constance remarquable ainsi manifestée par l'Organisation des Nations unies au regard des exigences de la décolonisation. (...) Ainsi qu'elle a déjà eu à le déclarer, l'Algérie se reconnaît pleinement dans la démarche de fidélité aux principes de la Charte et de la doctrine pertinente des Nations unies, renforcée de manière conséquente aujourd'hui par le Conseil de sécurité des Nations unies». Toutefois, il semble bien que, malgré les clarifications apportées par le Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, le Maroc continue à fabuler et à faire tout faux. De fait, le Polisario et le Maroc qui clament à l'unissant leur «satisfaction» font une lecture diamétralement opposée du texte onusien avec tous les risques que cela peut avoir sur le dossier de décolonisation du Sahara occidental. Wait and see.