Depuis le début du printemps, la question du Sahara occidental n'a cessé d'occuper les devants de l'actualité internationale avec, à la fin du mois d'avril, une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies demandant aux deux parties en conflit (Maroc et Front Polisario) d'ouvrir des négociations en vue d'une solution devant assurer l'autodétermination du peuple sahraoui. L'engagement a été pris, la date du 18 juin et la ville américaine de New York retenues. Ce qui manque le plus, et le Front Polisario n'a pas manqué de dire ses craintes, c'est que le Maroc persiste dans sa politique de blocage. Un scepticisme partagé par l'ICG (International Crisis Group) dans une de ses rares, sinon l'unique, études de ce conflit. Sauf que cette organisation a introduit une troisième partie. Il s'agit de l'Algérie que l'ONU dans tous ses rapports et résolutions présente comme un pays voisin, ou encore un pays d'accueil pour les réfugiés sahraouis. ICG ne dira pas pourquoi il a procédé de cette manière, et pourquoi il a préféré parler d'intérêts du Polisario et de l'Algérie, alors que le premier lutte pour l'indépendance d'un territoire que le Maroc a envahi et occupe depuis 1975, tandis que notre pays soutient cette revendication, et il n'est pas le seul puisque l'ONU appuie le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Une question de décolonisation et rien d'autre. Dans deux études publiées quelques jours avant l'ouverture, le 18 juin, sous les auspices de l'ONU, de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, cette organisation non gouvernementale empruntant des approches différentes se montre sceptique sur leurs résultats. « L'optimisme concernant les négociations du 18 juin risque d'être prématuré, car les données du conflit ont changé. Le Conseil de sécurité de l'ONU se trouve devant un dilemme », selon cette organisation basée à Bruxelles et spécialisée dans l'analyse et la résolution des conflits, et qui semble avoir enterré le plan de paix de l'ONU qui demeure le référent principal de toutes les résolutions du Conseil de sécurité. « Soit il doit convaincre le Maroc d'accepter la tenue par les Sahraouis d'un référendum basé sur le principe de l'autodétermination qui, par définition, inclut l'option de l'indépendance, soit il doit inviter le Maroc, le Polisario et l'Algérie à négocier la résolution du conflit sur la base de principes qui leur conviennent », indique le texte. Il y a pourtant un plan accepté par le Maroc et le Front Polisario et mis en œuvre en 1991 en ce qui concerne le cessez-le-feu et rien d'autre. Cette application est le fait de l'ONU avec la Minurso (Mission des Nations unies chargée de l'organisation du référendum au Sahara occidental). Les Sahraouis, contrairement à ce que stipule ce rapport, constituent uniquement le corps électoral, l'ONU étant l'organisateur de cette consultation et le garant de sa probité. Pour l'ICG, si c'est la deuxième proposition qui est choisie, « les négociations doivent être directes et libres sans médiation ni préconditions de l'ONU. Elles doivent être initiées par le Maroc dans des termes qui puissent être sérieusement pris en compte par l'Algérie et le Polisario ». Dans ce cas, « le rôle de l'ONU se bornera à maintenir sa présence au Sahara occidental comme une force tampon, à offrir une assistance pratique aux négociations si les trois parties ensemble la demandent et à accepter l'accord conclu entre les protagonistes ». Quant au gouvernement marocain, l'ICG estime qu'il doit « admettre que son opposition à la tenue d'un référendum d'autodétermination fait que sa responsabilité dans la résolution du conflit par les négociations est plus grande ». Le royaume doit aussi « reconnaître que sa récente proposition d'autonomie est nettement insuffisante pour aboutir à un accord avec le Polisario ou l'Algérie sur un règlement du conflit basé sur la souveraineté marocaine ». En suivant une telle logique, l'ICG laisse entendre qu'un tel projet peut être amélioré ou amendé, ce qui a tendance à entretenir une certaine ambiguïté, alors même qu'il y a déjà une terrible confusion, sinon une réelle méconnaissance du dossier. En juillet 1987, le défunt roi Hassan II avait solennellement indiqué que le conflit du Sahara occidental n'opposait pas le Maroc à l'Algérie. C'est clair.