«L'avenir de l'Algérie est dans l'eau», disait feu Kaïd Ahmed. On en riait. Comprend qui pourra!... L'Algérie des trois premières décennies de l'indépendance a fait des erreurs économiques stratégiques qui ne cessent de nous accabler de leurs retombées. L'une des plus grosses est, sans conteste, celle qui a «méprisé» le secteur de l'hydraulique. Qui ne se souvient du fameux «projet des 100 villages» en Kabylie? Une opération qui a rejoint le souvenir avant de contacter le réel. Les 100 villages sont vite devenus plus de 1000, par des adductions pirates, par des adductions de complaisance, par des adductions de petites politiques locales. Quelques petites années à peine après «l'Inauguration» en grande pompe de «ce projet», il n'en est resté que des robinets secs au milieu des villages. C'est encore dans les mémoires. Le directeur de l'hydraulique de la wilaya, à l'époque, me disait que pas moins de deux milliards de m3 d'eau se perdaient chaque année dans la mer. Que c'était une hémorragie d'une extrême gravité pour la région d'abord et, plus tard pour d'autres régions du pays, la capitale notamment. Avait-il eu tort? Avait-il eu raison? La réalité du secteur, aujourd'hui, lui reconnaît une qualité qu'il refuse: celle de visionnaire. Ce n'est que dans la fin des années 80 et début des années 90 que l'on a commencé à penser au système des «retenues collinaires» pour, au moins, l'agriculture. Les premiers résultats avaient tout de suite dépassé les ambitions les plus optimistes. On en a réalisé. Elles se sont envasées, par absence d'entretien. Certaines ne sont plus que des souvenirs. Au mieux... des terrains de foot pour les enfants. De barrages, point. Sauf lors de réunions, aussi informelles qu'officielles, où l'on se gargarisait de mots et formules vivant le temps de la visite ministérielle, généralement. L'Algérie se gavait de mots, sans voir l'avalanche de maux qui allaient l'étreindre, l'étouffer, sous peu. Mais nul n'y pouvait rien: c'était l'Algérie des Révolutions... Aujourd'hui, ce pays étouffe déjà en attendant plus. Pour rajouter, au passage, un autre secteur stratégique totalement méprisé à «cette belle époque», parlons un peu du Transport. Des SNTV et des SNTR à ne plus rien voir de la SNTF. Des bus, des camions, des routes, des négligences, des indigences, du bradage et de... l'orgueil. Le chemin de fer dans un aussi vaste pays? Le wagon tire la locomotive... Bezzaa loulou, point! Mais restons dans l'eau puisque nous sommes à sec. Le palliatif, ce sont désormais les «stations de pompage» dans les lits d'oueds et à proximité. La nappe? C'est elle qu'il faut «dénapper»; c'est-à-dire qu'il faut la vider de son eau. Et ça coule. En dessus, vers la mer, en dessous, vers les foyers et consorts. Et ça se vide, ce truc-là!... Mais après chaque inondation qui change jusqu'à la couleur de la mer, on soulève le problème des «extractions de sable» dans les lits d'oueds. Et on ne le règle pas, ce problème-là. Parce qu'il faut ces «salauds d'extracteurs» pour «expliquer» le «sec» des stations et la «déshydratation» des nappes. Un véritable troupeau de «boucs émissaires». Haro sur les baudets, et coule la galère!...