L'annexe de Réghaïa du Musée national du moudjahid a organisé hier cette double commémoration. C'est dans la salle de conférences de la Bibliothèque nationale d'El Hamma à Alger qu'a retenti l'hymne national en signe d'ouverture de la cérémonie. Kassaman repris en choeur par une forte délégation de fonctionnaires de police de l'Ecole supérieure de Châteauneuf. Sollicitée pour nous livrer son témoignage, Louisette Ighil Ahriz, qui porte en elle les séquelles des tortionnaires français de l'époque coloniale nous a déclaré: «J'étais très jeune à ce moment-là. J'avais à peine 14 ans.» Elle est entrée en clandestinité en 1957. Elle se souvient du 1er Novembre, du déclenchement de la lutte armée. «C'est la fin de l'humiliation nous a dit mon père. Tout ce que j'ai vu, ce sont mes parents qui me l'ont transmis. J'ai ‘'tété'' aux mamelles de la révolution, ce qui m'a conduit à un amour indéfectible de la patrie.» Le 20 Août 1955. Zighoud Youcef déclenche l'offensive. Il fallait desserrer l'étau dans le Nord constantinois, en l'occurrence la région des Aurès Nememchas. C'est ce qu'ont expliqué les professeurs Hadri et Tine dans leurs courtes interventions. Cette opération militaire avait cependant d'autres buts, ajoute le professeur Tine. Internationaliser la question algérienne qui devait être débattue lors de la conférence des non-alignés de Bandoeng, d'une part, sensibiliser et engager le peuple algérien dans la lutte armée, d'autre part. Le 20 Août 1956 a jeté les prémices de l'Etat algérien, proclamé la primauté de l'intérieur sur l'extérieur et enraciner la révolution algérienne à travers l'ensemble du territoire national. Tous les conférenciers se sont cependant mis d'accord sur la nécessité d'écrire l'Histoire. Les témoignages vivants c'est bien beau, mais s'ils ne sont pas consignés, c'est un chaînon indispensable qui manquera à la fabuleuse histoire de la guerre de Libération nationale. En outre, la repentance et les crimes commis par la France coloniale ont été récurrents durant cette commémoration. «La France doit reconnaître les crimes qu'elle a commis en Algérie», a martelé le secrétaire général de la Coordination nationale des enfants de chouhadas (Cnec), Tayeb Lahouari. Louisette Ighil Ahriz a promis d'internationaliser les crimes contre l'humanité commis en Algérie par la France coloniale. Elle est invitée par les universités de New York et de Columbia aux Etats-Unis. Les fantômes du passé ne sont pas près de disparaître. Ils continuent de hanter les esprits. La mémoire n'est pas près de s'en débarrasser.