Il ne sera jamais un homme politique, celui à qui confier la destinée d'un pays et de ses habitants. On pouvait penser qu'en prenant de l'âge l'homme allait être touché par les bienfaits de la sagesse. Il n'en est rien. L'extrémisme de Ali Benhadj, l'ex-n° 2 du parti dissous n'a pas pris «une ride». Et dire que si, par malheur, les choses avaient évolué autrement et que l'ex-FIS avait pris le pouvoir en 1992, Ali Benhadj se serait retrouvé en haut de la pyramide avec un droit de vie et de mort sur ses concitoyens dont il ne se serait pas privé de s'en servir. Il vient d'en faire la preuve sur la chaîne arabe, Al-Hiwar en tirant sans retenue aucune sur la dépouille du général-major Smaïn Lamari ancien chef du contre-espionnage. Benhadj a déversé toute sa haine contre un responsable qui a été l'un de ceux qui ne lui ont pas permis de prendre le pouvoir à un moment donné de l'histoire du pays. On aura beau ne pas être affilié, ni même aligné sur une quelconque démarche des services de renseignements, même si leur rôle est sans conteste très souvent vital dans la vie de la nation, on en est pas moins indignés devant l'irrespect de certains comme Ali Benhadj devant la mort. Il n'est même pas certain qu'à un moment de sa vie Benhadj ait pu être un homme politique. Comme tel, il se serait conduit avec grandeur et panache devant un adversaire, même le plus irréductible, qui a rendu l'âme. Au contraire, l'ex-n°2 du FIS dissous a été plus loin et jusqu'à remettre en cause la religiosité du défunt qui n'en a pas moins effectué plusieurs fois le pèlerinage à La Mecque. En réalité, Benhadj reste égal à lui-même dans la provocation. Il ne recule devant rien et n'a aucune limite. Le recours au laser au stade 5 Juillet pour inscrire dans le ciel le nom de Dieu et faire croire à la foule présente à une manifestation divine donne toute la dimension de ce dont est capable le personnage. Machiavélisme quand tu nous tiens... D'autres raisons existent et qui expliquent l'outrance dans le langage adopté par Benhadj. Rejeté par ses anciens compagnons, parce que trop encombrant, et dans l'impossibilité de s'inscrire dans un futur projet politique, il ne reste à celui qui ne doit ses moments de gloire qu'à la nouveauté de ses discours enflammés au début de l'ouverture démocratique du pays, que de saisir toutes les occasions pour faire dans la provocation dans l'espoir de se remettre en selle sur la scène politique. Après les diplomates algériens assassinés en Irak dont l'histoire retiendra un rôle digne d'un procureur d'Ali Benhadj, voilà qu'il s'en prend cette fois aux morts. Dans tous les cas, Benhadj ne lutte pas pour changer un quelconque système ou faire admettre son projet de société, il s'attaque aux hommes et voue une haine implacable à tous ceux qui lui résistent et font barrage à ses excès. Le général Smaïn Lamari a été de ceux-là. Il s'agit moins ici de défendre la mémoire du général que ses proches compagnons sauront mieux faire que de s'indigner sur le comportement inqualifiable d'un homme devant un cercueil. Un comportement qui a soulevé l'indignation des citoyens et qui a discrédité définitivement Ali Benhadj au point de l'exclure définitivement de la scène politique. Bien sûr il restera toujours des médias comme Al-Hiwar (qui nous veulent du bien) pour l'inviter à venir déverser son fiel et faire de l'opposition pour l'opposition. Sans aucune consistance ni projet fiable pour son pays. Le développement économique, l'inflation, les investissements, l'emploi, le logement, l'autosuffisance alimentaire, tous ces grands sujets et bien d'autres sont au-delà des compétences d'un homme qui excelle plutôt dans la culture de la haine. Cela dit, il est pour le moins curieux que les «sorties» de Benhadj se succèdent sans aucune réaction des autorités alors qu'il lui est expressément interdit de faire des déclarations à la presse. Non, Ali Benhadj ne sera jamais un homme politique. Un homme politique à qui confier la destinée d'un pays et de ses habitants. Il vient de faire la preuve que ses capacités n'ont jamais dépassé celles des «chauffeurs de foule». Un métier en vogue dans les milieux du showbiz. Encore que cela était valable au début des années 90. Maintenant que sa véritable nature est apparue au grand jour, il est astreint à une sévère mise en quarantaine et par ses anciens compagnons et par l'opinion publique en général.