Tant qu'on ne nous dira pas comment sont passés les marchés se rapportant à la démolition et à la réfection des trottoirs tous les trois mois, on n'adhérera à aucune mesure de contrôle. De régression en régression, l'Algérie dégringole dans le classement de perception de la corruption établie par l'ONG Transparency International, sur la base d'un sondage réalisé auprès des hommes d' affaires. Bon, on peut se consoler en se disant qu'il y a des domaines où l'Algérie bat ses propres records, à savoir celui de la corruption, même si, vous vous en doutiez un peu, on aimerait bien se passer, pour une fois d'un tel record qui n'honore pas du tout notre pays ni nos institutions. Hasard du calendrier ou acte prémédité? Toujours est-il que la publication du classement de Transparency International coincide chez nous avec l'installation par M.Karim Djoudi, ministre des Finances, du comité de coordination de l'action de l'IGF avec celle des inspections générales des départements ministériels. Créé en application de l'instruction du chef du gouvernement du 12 mars 2007, ce Comité regroupe sous la présidence du chef de l'IGF l'ensemble des inspecteurs généraux des ministères. Quant aux objectifs assignés à cette structure, il s'agit de créer «un espace de concertation et d'échange d'expérience et d'information entre les différents organes de contrôle afin d'assurer une complémentarité dans leurs actions et une meilleure efficacité dans leurs interventions». La nouveauté dans tout cela, c'est que, en application des recommandations du Conseil interministériel de décembre 2006, il a été décidé d'élargir le champ d'intervention de l'IGF aux entreprises publiques économiques. Parce que, comme chacun le sait, les missions de l'IGF sont actuellement limitées au contrôle de gestion des dépenses des institutions à caractère administratif. Il est donc question, dans le même esprit, d'accélérer la mise en place d'ine structure d'audit et de contrôle au niveau de chaque entreprise publique, et l'adaptation de la réglementation des marchés publics en vue de soumettre au contrôle toute dépense effectuée sur les fonds publics. Ce que l'on peut dire globalement: «Des lois, des règlements et des instructions ce n'est pas ce qui manque en Algérie. Le problème réside dans l'application.» Il y a par exemple cette nouvelle mesure qui concerne le contrôle interne. Peut-on être juge et partie? Au moment où les entreprises publiques sont en train d'être privatisées, il y a quelque chose qui cloche dans ce comité de coordination. En passant dans l'escarcelle du secteur privé, ces futures ex-entreprises publiques continueront-elles à faire l'objet d'un audit interne et externe? Cela dit, on peut toujours se féliciter de voir l'Exécutif prendre le taureau par les cornes dans le domaine de la lutte contre la corruption, au moment où les scandales financiers éclaboussent différentes sphères économiques en Algérie, au point de donner de notre pays l'image la plus négative qui soit. On signalera que les mesures évoquées par le ministre des Finances dans son allocution portent sur différents volets, dont l'amélioration des méthodes d'audit et de contrôle par l'IGF, les amendements à la réglementation des marchés publics, les projets de loi relatifs à la comptabilité publique et au règlement budgétaire et l'élaboration des statuts particuliers des corps de contrôle et d'inspection. Tout cela est bien, mais tant qu'on ne nous dira pas comment sont passés les marchés qui se rapportent à la démolition et à la réfection des trottoirs, tous les trois mois, on n'adhérera à aucune mesure de contrôle. Car c'est dans la démolition-réfection des trottoirs que part une bonne partie des deniers publics pendant que s'exerce, de façon occulte, une grande corruption.