La corruption est devenue un enjeu planétaire. On assiste, depuis les années 1990, à une mondialisation de la perception du fléau, accompagnée par une internationalisation de la lutte anticorruption. L'Indice 2006 de perception de la corruption (IPC), établi par Transparency International (TI) et rendu public en novembre dernier, a accordé à l'Algérie la note de 3,1 sur 10, en la classant à la 84e place. Selon les responsables de l'ONG, “TI essaie par ses publications d'indices de perception des pays de quantifier l'ampleur de la corruption, afin d'amener les Etats à mettre en œuvre la convention de lutte contre la corruption des Nations unies”. De son côté, la Banque mondiale, préoccupée par l'évolution de la corruption dans le monde, définit le fléau comme étant “une pratique utilisant la puissance publique à des fins d'enrichissement privé”. Parmi les six critères fixés par l'institution financière pour parvenir à “la bonne gouvernance”, figure le niveau de la corruption. Pour la BM, la gouvernance passe par “la maîtrise de la corruption”, un fléau découlant, selon elle, de l'abus de l'autorité publique à des fins de gains personnels, y compris dans la grande et la petite corruption, et la mainmise de l'appareil d'Etat par les élites. Il est clair que les indicateurs internationaux bousculent les mauvaises habitudes des pays ayant cumulé du retard dans leur développement. Spécialement les pays dirigistes qui ont longtemps cultivé l'art de la rétention de l'information et des décisions arbitraires. Ils apportent aussi des repères et de la rigueur, en faisant la lumière sur un phénomène jusque-là difficile à cerner. Ces indicateurs, aujourd'hui motivés par la ratification de conventions et traités internationaux, ainsi que l'adaptation aux normes universelles, sont également justifiés par l'entrée dans le marché mondial. Pourtant, il ne faut pas oublier de rappeler ici que la corruption est difficile à mesurer et que la perception de ce phénomène appartient au domaine du subjectif. Ce qui soulève des questions, voire des objections, chez des experts et universitaires. Ces derniers, évoquant les rapports inégaux entre le Nord et le Sud, préviennent sur l'autre face de la médaille. À savoir que la pratique de pressions internationales, sur la base d'indicateurs qui sont vidés de la prise en compte des “spécificités historiques, institutionnelles et culturelle”, risque d'entretenir la rumeur et l'opacité, sinon produire l'effet contraire. H. A.