Pas moins de 9000 cartouches de fusil de chasse de calibre 16mm ont été également saisies au niveau de la frontière algéro-marocaine. Une trouvaille dangereuse. Sur nos frontières ouest, les terroristes s'apprêtent sérieusement à explorer un gisement particulier, dans lequel ils tentent de s'approvisionner en TNT pour la fabrication de bombes artisanales. Pas moins de 108.000 mines antipersonnel (modèle 1957), dont chacune contient plus de 100 grammes de TNT, ont été saisies ces derniers mois, selon un bilan évaluatif qui a été fourni par le groupement de la gendarmerie de Tlemcen. Les services de la Gendarmerie nationale ont également saisi durant la même période 380 détonateurs, 380 mètres de mèche lente, 60 cartouches de 16 millimètres, 3 fusils, un revolver de marque Saint-Etienne et des matériaux de fabrication d'explosifs. D'autre part, 800 détonateurs ont été saisis, récemment, à Bab El Assa. Ce n'est pas tout: au niveau de la même place, une cargaison de 9000 cartouches de fusil de chasse de calibre 16mm ont été également saisies. Cette prise confirme la thèse selon laquelle la frontière ouest est en passe de devenir un véritable «cartel» où le trafic d'armes et de drogue prend une tournure inquiétante. Le contrebandier, en possession des 9000 cartouches de fusil de chasse est de nationalité marocaine. Ce dernier a tenté d'introduire frauduleusement cette marchandise prohibée à bord d'un véhicule léger au lieudit «Birrou» sur le territoire algérien. Mais, où va cette cargaison? Evidement, c'est toujours pour servir à la fabrication d'explosifs. Les terroristes extraient la matière explosive pour fabriquer ensuite des bombes artisanales. La frontière avec le voisin marocain est devenue le passage favori des trafiquants d'armes et d'explosifs. Selon une lecture qui a été faite par le lieutenant-colonel Boukhebiza Noureddine, commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de Tlemcen, les armes et les matériaux de fabrication d'explosifs proviennent de France. C'est-à-dire que l'itinéraire de transfert indique sur la carte, la France, l'Espagne et le Royaume alaouite. Cette situation a poussé l'Algérie à doter la frontière ouest d'une barricade sécuritaire de grande envergure. Pour la seule wilaya de Tlemcen, 23 postes de surveillance sont en cours de réalisation sur 174km de frontière. En tout, près de 200 postes de surveillance seront mis en place. L'implantation de ces postes s'inscrit dans le cadre de la lutte contre la contrebande et se fera le long de la bande frontalière à partir de Marsa Ben M'hidi jusqu'à la commune steppique d'El Aricha. D'autres wilayas, y compris celles du Sud, doivent être dotées de la même barricade, car la frontière sud a constitué également une base arrière du terrorisme à partir de 1993. C'est à partir de ces régions, fréquentées surtout par les contrebandiers, que les groupes terroristes algériens ont tenté de s'approvisionner depuis le début du phénomène terroriste. Autrement dit, les terroristes passaient un marché avec les chefs contrebandiers, armés jusqu'au cou, qui contrôlaient le trafic de cigarettes, la drogue et le marché des véhicules d'occasion approvisionné de France et à destination du Niger. A en croire certaines sources chargées du dossier sécuritaire, un grand mouvement de trafic d'armes aux frontières sud est à l'origine des derniers attentats meurtriers qui ont ensanglanté certaines régions du pays. Ce «marché» du Sud a été improvisé et dirigé par le sinistre Mokhtar Benmokhtar, en connexion avec les rebelles armés du Mali, avant qu'il ne renonce, d'après certaines sources, aux activités terroristes. La seconde menace provient aussi d'un autre groupe terroriste appelé «katibat el moulathamine», dirigé par un certain Abou Zied. Les Américains, pour des raisons connues et loin d'être pour eux un simple souci d'ordre sécuritaire, avaient fait part d'un nombre impressionnant d'armes qui circulent dans la région du Sahel, particulièrement le nord du Mali, le Tchad et le Soudan. C'est dire que les réseaux de trafic d'armes entourent la ceinture frontalière algérienne et risquent de mener à des effets incontrôlables. D'où la nécessité d'une stratégie du tout-sécuritaire sur la bande frontalière considérée à juste titre comme base arrière du terrorisme.