Les enseignants du supérieur ont rejeté la nouvelle grille des salaires qui ne répond pas aux revendications exprimées depuis des années. Les enseignants du supérieur de l'université d'Alger ont tenu, hier, à Bouzaréah une assemblée générale pour expliquer la position du Cnes par rapport à la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique confectionnée par les autorités. C'est une assistance moyenne composée essentiellement d'une centaine d'adhérents au syndicat Cnes (aile Rahmani) qui ont pris part aux travaux. Officiellement en grève de trois jours, du 20 au 23 octobre en cours, les enseignants ont animé un débat riche en présence du coordinateur national, Malek Rahmani, centré autour de la question du salaire et du pouvoir d'achat de cette catégorie de l'élite du pays. La majorité des intervenants a mis l'accent sur la nécessité de mobiliser toutes les potentialités humaines pour revendiquer un traitement digne en matière salariale. A titre indicatif, une comparaison a été effectuée entre le nouveau salaire des différents grades d'enseignants, qui va de l'assistant au professeur avec ceux d'un secrétaire général du ministère et d'un sous-directeur dans le même secteur considérés comme cadres supérieurs de l'Etat. L'écart actuel en salaire brut déterminé sur la base de la nouvelle grille entre un professeur classé au 10e échelon et un sous-directeur au ministère est de 115.466DA. Une différence jugée exagérée par l'ensemble des intervenants qui ont fait remarquer que les autorités n'ont, en réalité, augmenté le salaire de base des enseignants en intégrant deux primes, à savoir l'ISS et l'ICR. Une initiative jugée décevante et en deçà des attentes de la famille universitaire qui milite depuis des années pour rehausser le pouvoir d'achat des enseignants universitaires. Dans un appel adressé à l'ensemble des enseignants du supérieur, il est fait un rappel du parcours du Cnes qui a milité depuis 1996 pour un statut particulier des enseignants du supérieur. Une revendication jugée stratégique pour «stopper la fuite des cerveaux et assurer l'amélioration du statut social des universitaires mis à mal par l'érosion du pouvoir d'achat». Les grévistes qui ont opté pour trois journées de «protestation» renouvelables, une stratégie très habile pour contourner les pressions administratives exercées par la tutelle qui a de tout temps eu recours à la justice pour arrêter le mouvement de grève, pensent que le moment est opportun pour se dresser contre cette nouvelle «humiliation», pour reprendre les propos utilisé par un enseignant gréviste. D'autant plus que le Cnes a fait montre de disponibilité à collaborer avec les autorités depuis deux années pour régler le problème de la confection du statut particulier auquel il a été associé. Les jours à venir sont annonciateurs d'un bras de fer qui opposera la famille universitaire aux autorités. Les enseignants protestataires ont déjà retenu le principe d'une assemblée générale ouverte jusqu'à lundi pour décider des suites à donner à leur mouvement de revendication. L'option d'une coordination avec l'ensemble des syndicats autonomes qui rejettent la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique a été mise sur la table en attendant de prendre une décision dans les jours à venir.