Le président du Parlement européen, M.Poeottering, affirme qu'il préfère relancer le processus de Barcelone. Qualifié par les politiciens d'échec, le processus de Barcelone n'est pas pour autant enterré. Le président du Parlement européen, Hans-Gert Poeottering, relance le débat. «Il faut intensifier les efforts pour relancer le processus de Barcelone», a-t-il déclaré lors d'un point de presse organisé, hier, à la résidence de Djenane El Mithak, Alger, avant de quitter le sol algérien. M.Poeottering estime que le processus de Barcelone comporte plusieurs points positifs. «Même si le processus n'a pas atteint les objectifs escomptés, depuis sa signature en 1995, il porte, néanmoins, beaucoup de choses positives», a-t-il souligné. Le parlementaire européen appelle «les pays concernés» à ouvrir un dialogue politique profond et intensifier la coopération et les relations entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Dans sa courte intervention, il a mis l'accent sur la nécessité d'«encourager le dialogue interculturel dans la région méditerranéenne. Et que l'UE s'engagera en faveur de la paix, de la coopération et de l'amitié pour jeter un pont intellectuel et culturel au travers de la Méditerranée». Toutefois, il a tenu à préciser que cette démarche ne doit pas toucher à d'autres projets qui sont en cours de réalisation, telle la politique de voisinage. Une question mérite d'être soulevée dans ce contexte. Quelle place pour le projet de l'Union méditerranéenne, proposée par le président français, Nicolas Sarkozy? L'appel à la relance du processus de Barcelone se veut, indirectement, comme une contre-attaque à la politique «sarkozienne». D'ailleurs, le conférencier reste sceptique quant à ce projet. Interrogé par L'Expression sur ce sujet, M.Poeottering répond: «Nous sommes ni contre ni pour le projet du président français. Mais, il faut attendre et surtout discuter et débattre cette idée dans toutes ses dimensions». Dans le même contexte, l'interlocuteur a dévoilé que «le président Sarkozy est attendu le 13 novembre à Genève pour discuter» les grands axes de son projet. Relevant les points jugés d'emblée négatifs, la même source annonce que l'UM n'associe pas tous les pays membres de l'UE. Et de préciser que «le dialogue et la coopération doivent reprendre entre les pays de la Méditerranée. C'est dans cette optique qu'il faut relancer le processus de Barcelone». M.Poeottering n'est pas le seul à se montrer sceptique à propos du projet de l'UM. Des parlementaires européens ont déjà exprimé la même position. Le président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des députés du Parlement italien, M.Umberto Ranieri, a estimé que cette proposition mérite d'être vérifiée. «Le projet peut être intéressant, mais beaucoup de choses doivent être vérifiées et précisées», a-t-il dit, dernièrement à Alger. De son côté, Murat Mercan, président de la Commission des affaires étrangères à la Chambre des députés turque, a considéré que Sarkozy, à travers son projet de l'Union méditerranéenne, cherche à écarter et à empêcher «l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne». M.Mercan s'est montré sceptique quant à l'idée de Sarkozy. Par ailleurs, l'invité du Parlement algérien a souligné qu' «il existe une grande volonté pour moderniser et démocratiser l'Algérie». Et de «saluer et rendre hommage à l'Algérie pour son courage et sa réussite dans la lutte antiterroriste», a-t-il indiqué. Et de réaffirmer le soutien de «l'Europe à l'Algérie pour le développement du pays et dans la lutte contre le terrorisme». De plus, M.Poeottering a souligné que l'UE attend beaucoup de l'Algérie pour relancer la coopération, notamment avec les pays arabes et africains. «L'Algérie peut jouer le rôle d'un pont pour la coopération entre l'Europe et les pays arabes et africains». Pour conclure, le président du Parlement européen relance le débat juste après l'annonce de Sarkozy qui envisage d'organiser une rencontre entre les chefs d'Etat en juin prochain pour défendre son projet de l'UM. La déclaration du chef de la diplomatie européenne exprime-t-elle le souhait de l'Europe à tourner le dos à Nicolas Sarkozy?