Comment appréhender au XXIe siècle l'olympisme devenu un gigantesque forum où il n'est plus seulement question de participer, selon la formule magique de son inventeur le baron Pierre de Coubertin, qui, en 1894, ressuscita les Jeux d'Olympie? Selon la définition que lui donne le CIO (Comité international olympique), l'Olympisme «est une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l'esprit. Alliant le sport à la culture et à l'éducation, l'olympisme se veut créateur d'un style de vie fondé sur la joie dans l'effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels». Ce qui est tout un programme. Mais on n'en est pas encore là. En effet, qu'en est-il dans notre pays où l'on semble toujours brouillé avec les vertus de l'olympisme? Pour les raisons historiques que l'on sait, l'Algérie est venue tard à l'olympisme en ne participant réellement à ces Jeux qu'à partir de 1984 à Los Angeles, où notre pays a étrenné ses premières médailles (de bronze) olympiques avec les boxeurs Zaoui et Moussa. Des Jeux de 1964 à Tokyo, avec la participation symbolique de Mohamed Lazhari, à ceux de Moscou en 1980, durant cinq olympiades, la présence algérienne a été fort modeste appliquant à la lettre la devise de Coubertin, selon laquelle l'essentiel était de participer. Mais l'Algérie a aussi appris à gagner et à avoir des ambitions concrétisées par les toutes premières médailles d'or olympiques de l'Algérie remportées par Hassiba Boulmerka (Barcelone 1992), Noureddine Morceli et Hocine Soltani (Atlanta 1996) et Nouria Benida-Merrah (Sydney 2000), outre le bronze grappillé ici et là. Ces victoires de nos athlètes faisaient chaud au coeur d'autant plus que Morceli et Boulmerka confirmèrent au plan international leur suprématie sur l'athlétisme mondial. Mais il semble aussi que cela a été l'exception qui confirme la règle, car il n'y eut guère de relève pour remplacer cette génération d'athlètes doués. Nous observons, en effet, que de nombreuses disciplines, à l'instar du football et du handball (celui-ci domina durant des années le hand africain parvenant même à un niveau mondial en imposant ce que l'on appelle la «tactique Derouaz», copiée un peu partout dans le monde, ou encore ce coup de génie de Madjer, auteur de la fameuse «talonnade» qui porte aujourd'hui son nom) ont régressé. Aussi, il est incontestable qu'il ne suffit plus de participer, il faut gagner. Et pour gagner, il faut des moyens onéreux (matériels, financiers, infrastructurels, médicaux et de suivi), énormément de moyens. Ce qui est loin d'être évident dans une Algérie qui a quelque peu délaissé le sport de performance avec pour retombées une nette régression de la pratique d'une part, des résultats médiocres d'autre part. Cela est vrai pour toutes les disciplines, lesquelles vivent un marasme sans fin induit par un recul dommageable pour la pratique sportive dans notre pays. Après avoir culminé dans les années 90, avec à la clé quatre médailles d'or olympiques, le sport algérien observe une chute en continu qui ne manque pas d'inquiéter d'autant plus que, malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics et les organismes chargés du sport, les résultats ne suivent pas. Le football, chef de file du sport algérien, n'a figuré qu'une seule fois (Moscou 1980) à ces joutes se faisant régulièrement barrer la route par des équipes africaines qui, souvent, n'ont pas les moyens de l'Algérie. Le Comité olympique algérien (COA) en collaboration avec les fédérations, tente, depuis quelques années, de redonner crédibilité et dynamisme à la pratique sportive par la réhabilitation de l'effort à la base afin de donner tout son sens à l'olympisme algérien. Encore faut-il qu'existent un véritable suivi de la chose sportive et aussi une volonté politique qui n'a pas été toujours évidente. Le sport algérien a besoin d'une authentique révolution, seule à même de lui restituer sa dimension de catalyseur des énergies propres à replacer l'Algérie sportive à la place de leader en Afrique qu'elle n'aurait jamais dû quitter.