Le climat de guerre s'est installé dans les régions tribales frontalières de l'Afghanistan. Les affrontements inter-religieux continuent à faire des morts au Pakistan. Les musulmans sunnites et chiites se sont engagés dans des affrontements sans merci cette semaine dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan. Le bilan est lourd: plus d'une centaine de morts, selon un communiqué de l'armée pakistanaise. Le nombre de blessés s'alourdit de plus en plus avec près de 200 personnes. Du côté de l'armée 11 soldats ont été tués et 32 blessés en tentant de s'interposer. Face à cette situation, l'armée est intervenue afin d'éteindre le feu. Elle a d'ailleurs annoncé qu'elle était parvenue à freiner la spirale d'affrontements violents entre les antagonistes sunnites et chiites. Jusqu' à hier, le bilan officiel restait fluctuant. Des dizaines de morts se trouvent actuellement, indique-t-on, dans des maisons sans qu'il soit possible de les évacuer du fait du cessez-le-feu imposé par l'armée. Ces demeures sont situées dans le district de Kurram, dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP), bordant l'Afghanistan, et dont Peshawar est la ville principale, lieu des affrontements qui ont commencé en début de semaine. Selon les témoignages des habitants de Parachinar, rapportés par la même source, les deux protagonistes se sont même battus à coups de mortiers et de lance-roquettes. Les mêmes témoignages ont affirmé que des scènes d'échanges de tirs entre combattants de tribus rivales ont été déclenchées cette semaine et que des dizaines de corps avaient été inhumés, rien que pour la matinée d'hier. Les boutiques, les bureaux et les écoles demeuraient fermés hier et des pénuries d'eau et d'électricité commençaient à affecter les habitants du district. Les autorités locales ont lancé un appel de secours à l'armée pakistanaise pour venir porter aide à la population. «Les rues sont désertées, tout est fermé, y compris le marché, et seuls les militaires se déplacent dans la ville», ont rapporté les agences. Selon le porte-parole de l'armée, le général Waheed Arshad: «Il n'y avait pas de combats ce matin et les accrochages ont pris fin». L'affrontement inter-religieux n'est, en réalité, pas nouveau au Pakistan. La même situation régnait déjà au mois d'avril dernier. Les chiites constituent une importante minorité au Pakistan, représentant 20% d'une population estimée à 160 millions d'habitants, majoritairement sunnite. Des affrontements ont éclaté à intervalles plus ou moins réguliers ces vingt dernières années. Au long de cette période, au moins 4000 morts ont été recensés lors des différentes accrochages entre les sunnites et les chiites.