Cette saisine est intervenue immédiatement après la clôture des travaux du Conseil des ministres. Afin d'atténuer la tension en Kabylie et de calmer la scène politique, le Président de la République a, à l'issue d'un Conseil des ministres, annoncé officiellement la saisie du Conseil constitutionnel au sujet du projet de loi donnant à tamazight le statut de langue nationale. Cette saisine, précise une dépêche de l'APS, est intervenue immédiatement après la clôture des travaux du Conseil des ministres. La présidence de la République a indiqué, à ce propos, que cette révision constitutionnelle sera initiée sur la base de la procédure de l'article 176 de la Constitution, c'est-à-dire par la voie parlementaire. Le Président de la République précise aussi que le projet de révision dispose d'un article nouveau 3 bis que tamazight est également une langue nationale. Le communiqué de la présidence ajoute que sa reconnaissance comme patrimoine commun à tous les Algériens doit impliquer que l'Etat oeuvre à sa promotion dans toutes les variétés d'expression en usage sur le territoire national. A l'issue de la présentation au Conseil des ministres du projet de loi destiné à consacrer dans la Constitution, tamazight langue nationale, le chef de l'Etat a déclaré: «Tant par sa nature que par son projet, la constitutionnalisation de tamazight n'est ni un enjeu du pouvoir ni un enjeu institutionnel.» Pour le Président de la République, cette action transcende ses préoccupations et tend à restaurer dans la plénitude, la personnalité du peuple algérien et à consacrer par le droit positif et de façon indiscriminée toutes les composantes de son identité nationale. Le Président Bouteflika ajoute, à ce propos, que tamazight est un complément du patrimoine commun à tous les Algériens et surtout contribue au renforcement de l'unité nationale. «Nous ne sommes plus au temps des hésitations (...) il importe que cette question fondamentale soit dénuée de toute arrière-pensée», ajoute le chef de l'Etat en Conseil des ministres. Le Président de la République a conclu son intervention en indiquant que le gouvernement devra immédiatement préparer les instruments juridiques et institutionnels nécessaires pour traduire ces finalités dans des politiques actives de mise en application. Le Président devra donc, prochainement, convoquer les députés et les sénateurs, à se réunir, au Club des Pins pour faire passer le projet de loi destiné à la constitutionnalisation de la langue amazighe en tant que langue nationale et ce, afin d'atténuer les tensions en Kabylie. Si la plupart des partis politiques sont favorables à la proposition du Président, il se trouve que le MSP a émis des réserves sur la question amazighe, alors que le FFS et le RCD boycotteraient la séance plénière «spéciale» au Club des Pins pour des divergences de fond purement politiques.