Les grandes entreprises algériennes continuent à acheter des produits informatiques sans licence. Le phénomène de la contrefaçon prend de l'ampleur sur le marché algérien. Plus d'un million et demi (1.549.334) d'articles contrefaits ont été saisis par les services des douanes en 2007 contre 831.786 en 2006. La marchandise saisie concerne les cigarettes (45,18%), les pièces de rechange (17,06%), les produits électriques (18,97%), les effets vestimentaires et les articles de quincaillerie. Des produits en provenance, notamment de Chine, de France, d'Allemagne, du Japon et des Emirats arabes unis. «L'augmentation du nom-bre de produits saisis est due au développement des importations anarchiques», estime Mme Hassina Labkiri, directrice du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes au ministère du Commerce. Intervenant, hier, lors de l'atelier sur la protection des créations industrielles organisé par l'Institut Supentreprise, Mme Labkiri estime que le phénomène en Algérie est favorisé par la démultiplication des importateurs et la diversification de la structure de leurs importations. Pour M.Taoussar Hakim, directeur général de l'Office national des droits d'auteur (Onda), le piratage prend de plus en plus d'ampleur. La contrefaçon dans le domaine des programmes informatiques se situe à un taux de 84%, soit une hausse de 1% comparativement à l'année 2005, indique M.Taoussar. Ainsi, 84% des logiciels présents sur le marché algérien sont contrefaits. «Pourtant, la législation a été révisée de 1987 à ce jour, mais rien n'a été concrétisé dans ce sens», s'étonne-t-il. Il cite la circulaire du chef du gouvernement élaborée au mois de janvier 2006. Celle-ci imposait aux entreprises d'acheter des logiciels avec des licences chez les producteurs. «Mais, dit-il, cela n'a pas empêché les grandes entreprises algériennes de continuer à acheter des produits sans licence», révèle-t-il. Dans le domaine électrique, le cas de Schneider Electric a été exposé. Selon le responsable de cette entreprise, M.Mehdi Bouguera, plusieurs copies de leurs produits sont écoulées en Algérie. Il fait savoir que 40% des disjoncteurs modulaires vendus sur le marché de la construction sont des copies: 1 contacteur sur 3 utilisés dans l'industrie en Algérie est une copie et 1 disjoncteur de branchement sur 4 est une copie dans les logements. «Le nombre des contrefacteurs est important. Ils sont localisés principalement en Chine (300 producteurs identifiés à ce jour), dans les pays d'Europe de l'Est et dans le Sud-Est asiatique», révèle-t-il. Pour lutter contre ce phénomène, Schneider Electric a mis en place, en juillet dernier, un système d'alerte au niveau des Douanes. «Nous attendons toujours les résultats», souligne M.Bouguera. Dans le domaine des médicaments, aucun produit contrefait n'a été saisi jusqu'à ce jour, indique le Pr Rachid Denine. Le contrôle est bien structuré en Algérie qui s'est dotée d'outils de traçabilité du médicament, du fabricant jusqu'à l'utilisateur. A rappeler qu'à partir de janvier 2008, les importateurs de dispositifs médicaux (seringues, consommables) seront soumis à la même réglementation que les importateurs de médicaments.