La contrefaçon est un véritable fléau en Algérie. Si le phénomène, très lucratif, touche plus particulièrement les secteurs des cosmétiques, des appareils électroménagers et des pièces automobiles, le préjudice économique reste immense et les conséquences pratiques peuvent s'avérer dramatiques. Il faut savoir que la contrefaçon en Algérie est alimentée par deux canaux, à savoir la partie de la production locale qui échappe à tout contrôle et les importations opérées par le biais des circuits informels. Il y aurait même, selon des responsables de contrôle, des filières spécialisées dans la fabrication de vignettes, voire de notices d'emploi de médicaments contrefaits, sans se préoccupent de la santé des citoyens. Il s'agit essentiellement d'imitation des marques les plus connues. Ainsi, le ministre de la Petite et Moyenne entreprise et de l'Artisanat, M. Mustapha Benbada, a affirmé, mardi à Alger, que les entreprises doivent s'organiser pour faire face à la contrefaçon des produits. Intervenant en marge de la visite qu'il a effectuée au stand des entreprises membres du Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja (CEIMI) à la Foire de la production algérienne (FPA), M. Benbada a souligné le rôle important que doivent jouer les opérateurs économiques pour contrer le phénomène de la contrefaçon. Il a, à cet égard, qualifié d'indispensable l'intervention des ministères des Finances et du Commerce ainsi que la direction générale des Douanes. M. Benbada a appelé à davantage de coordination entre les opérateurs économiques, les chefs d'entreprise et les structures chargées de la régulation et du contrôle en vue de mettre un terme à ces pratiques économiques douteuses. Le premier responsable du secteur a indiqué que des standards de conformité du produit national sont en cours d'élaboration par son département, notamment pour les secteurs les plus touchés par la concurrence déloyale imposée par les produits importés hors norme. La grande proportion des produits contrefaits saisis en Algérie par les services des douanes provient de Chine, des Emirats arabes unis, de la Turquie et de l'Inde.Il s'agit essentiellement de pièces de rechange contrefaites avec 42%, d'articles électroménagers avec 19% et de produits alimentaires et une bonne partie de produits cosmétiques et électriques, selon les services de la douane. Ces mêmes services ont enregistré une quarantaine d'interventions en 2007 suite à des bulletins d'alerte lancés pour un contrôle systématique des produits contrefaits au niveau des ports et des frontières. Rien que pour cette année, les services de la fraude des douanes ont retenu plus d'un million d'articles contrefaits. D'après les statistiques de la DLFC, les produits contrefaits retenus en douane ont connu une évolution alarmante par rapport à 2006, avec plus de 800 000 articles saisis d'où il est impératif de contrer ce phénomène de plus en plus ravageur pour l'économie nationale, qui subit des pertes de plus de 200 millions d'euros par an. Les importateurs de ce genre de produits regorgent d'astuces pour camoufler leurs marchandises hors norme et l'écouler sur le marché local à des prix bas par l'intermédiaire de grossistes occasionnels, de sorte qu'il devient difficile par la suite de remonter la chaîne. Pour ce genre de fraude, la loi prévoit des pénalités allant de deux à six mois de prison et de 2 à 10 millions de dinars.