Les êtres humains sont capables d'être porteurs d'un patrimoine extraordinaire: celui de la sagesse. Coïncidant avec la célébration de la fête religieuse de Aïd El Adha 2007, l'Auditorium du complexe culturel Laâdi-Flici du Théâtre de verdure en partenariat avec l'établissement Arts et Culture, un des organismes culturels les plus actifs au niveau de la wilaya d'Alger, a proposé vendredi dernier un programme assez varié. En vue de redonner au soufisme la place qui lui sied. «Soufisme: tradition et modernité», était le thème du film documentaire projeté. Animé par M.Ferhat Balamane, enseignant à l'université de Bouzaréah, suivi d'un débat autour du thème avec cheikh Khaled Bentounès qui tend à favoriser l'éveil d'un regard intérieur. L'actuel maître spirituel de la tariqa n'est autre que l'arrière-petit-fils du cheikh El Alwi, fondateur de la confrérie soufie Alawia. Il s'attelle depuis 1975 à revivifier cette tradition en menant des actions culturelles, éducatives. Pèlerin infatigable et écrivain, il convie les êtres humains de tous horizons à prendre conscience qu'ils sont capables de devenir des hommes universels, porteurs d'un patrimoine extraordinaire: celui de la sagesse de l'humanité dispensée par la Miséricorde divine de tous les temps et chez tous les peuples à travers le monde. Ce film documentaire retrace les grandes lignes de l'histoire du soufisme, depuis son origine jusqu'à nos jours. Le soufisme était une réalité sans nom alors qu'il est maintenant un nom sans réalité. C'est lorsque la lumière de la prophétie s'est éloignée que les saints musulmans, héritiers des prophètes, ont dû jouer un rôle de guide de plus en plus apparent dans la société. Le terme «soufisme» traduit celui, arabe, de tasawwuf, qui signifie littéralement le fait de se vêtir de laine (sûf). Telle aurait été l'habitude, en effet, des premiers ascètes et, avant eux, des prophètes. D'autres étymologies du mot sûfi désignant tantôt l'homme pleinement réalisé, tantôt le simple adepte du tasawwuf ont été suggérées. Les maîtres avancent souvent une explication spiritualiste: le soufi est celui que Dieu a purifié (sûfiya) des passions de son ego (nafs), celui donc qu'Il a élu (istafâ, de la même racine), et nous percevons déjà l'équation qui sera établie implicitement entre soufisme et sainteté en Islam. Héritier de la Hanifia, religion primordiale dont sont issues toutes les religions, mais historiquement, c'est dans l'Islam qu'il a pris forme. Il est défini comme étant la dimension spirituelle ou l'aspect ésotérique de l'Islam. Au fil des siècles, il a donné naissance à de nombreuses confréries (tourouk) toutes rattachées par une chaîne initiatique qui remonte jusqu'au prophète Mohamed (Qsssl)...Parmi elles, la tarika Alawia qui fut fondée en 1909 à Mostaganem par le cheikh El Alawi (1869-1934), perpétue la tradition soufie en prodiguant un enseignement et une éducation d'éveil jusqu'à nos jours. Les uns et les autres sont l'expression d'une même réalité intemporelle, vu qu'ils puisent tous de la même source (mouhammadienne). Les sages s'occultent davantage durant les époques obscures, mais ils n'en continuent pas moins d'exercer leur fonction ésotérique dans le monde pour le bien de l'humanité.