Un nouvel attentat suicide a fait au moins 26 personnes, 4 civils et 22 policiers, jeudi dernier à Lahore, dans l'est du Pakistan, 15 jours après l'assassinat de l'opposante Benazir Bhutto et en pleine campagne pour les législatives du 18 février. Il s'agissait de la première attaque mortelle de ce type en 2008, mais elle intervient au plus fort d'une vague sans précédent d'attentats suicides attribués aux islamistes proches d'Al Qaîda. Les attentats ont fait de 2007 l'année la plus sanglante de l'histoire du Pakistan, avec plus de 800 morts, dont la moitié depuis trois mois seulement. Un kamikaze a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui au beau milieu d'un groupe d'environ 60 policiers quand l'un d'eux lui a demandé de s'arrêter, a indiqué un chef de la police de Lahore, qui compte 7 millions d'habitants. A Washington, la Maison-Blanche a condamné cet attentat et mis en garde contre toute tentative de saper le processus électoral. L'attentat a été perpétré devant la Haute Cour de justice, où les forces de l'ordre étaient déployées en prévision d'une manifestation des avocats et magistrats, porte-drapeaux de l'opposition au président Pervez Musharraf. ´´Au moins 22 policiers sont morts et six autres, blessés, sont dans un état critique´´, a assuré la même source. La tête du kamikaze présumé a été retrouvée, presque intacte, à 100m de là, selon la police. Les militants islamistes des zones tribales du nord-ouest du pays, frontalières avec l'Afghanistan, ont juré de s'attaquer aux forces de sécurité depuis l'assaut meurtrier, les 10 et 11 juillet, de la Mosquée rouge d'Islamabad, dans lequel une centaine des leurs ont été tués. Oussama Ben Laden, lui-même, a déclaré, le 20 septembre, le jihad au président Musharraf, à son gouvernement et à son armée, pour venger les militants tués dans la Mosquée rouge. Les Etats-Unis, dont M.Musharraf est le principal allié dans la région dans leur ´´guerre contre le terrorisme´´, estiment qu'Al Qaîda et les taliban ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, et menacent régulièrement d'y intervenir militairement. Les forces de sécurité avaient pourtant été placées en ´´état d'alerte maximale´´ dès jeudi, à la veille du 1er du mois de Mouharam, le premier du calendrier hégirien mais aussi, traditionnellement, l'un des plus sanglants au Pakistan, en raison des affrontements entre les communautés chiite et sunnite. L'armée et la police sont sur le pied de guerre également en raison de la crise politique sans précédent qui secoue le pays depuis plusieurs mois et qui a atteint son paroxysme il y a 15 jours avec l'assassinat, dans un attentat suicide, de la principale figure de l'opposition, Benazir Bhutto, près d'Islamabad. Le gouvernement a accusé un commandant islamiste des zones tribales, Baïtullah Mehsud, chef présumé d'Al Qaîda au Pakistan, d'avoir assassiné Mme Bhutto, ce qu'il a démenti par la voix d'un porte-parole. Les élections législatives et provinciales, initialement prévues pour le 8 janvier, ont été reportées au 18 février, et Mehsud avait promis de les perturber. ´´Les terroristes veulent saboter les élections mais elles auront lieu à la date prévue, que ce soit clair´´, a déclaré le ministre de l'Information, Nisar Memon, sur la chaîne de télévision d'Etat.