Des parties marocaines mettent à profit la situation actuelle au Sahel pour impliquer les Sahraouis. Lors d'une rencontre d'adieux organisée mardi soir à Alger, Mohamed Yeslem Beissat, ambassadeur de la République sahraouie (Rasd) à Alger, désormais ministre chargé des Affaires africaines, a dénoncé les propos propagandistes de certains responsables marocains qui tentaient de «qaîdiser» le combat légitime du peuple sahraoui. «Des parties marocaines et américaines cherchent la moindre brèche pour associer la lutte du peuple sahraoui aux derniers événements ayant survenu en Mauritanie et dans la région du Sahel», a déclaré le diplomate sahraoui devant un parterre de journalistes. Le mois de mars de l'année écoulée, un ministre marocain avait déjà indiqué qu'«il y a, maintenant, coordination et coopération entre Al Qaîda, notamment le Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien et la Salafia Jihadia marocaine, qui engage une action commune avec le Front Polisario». C'est un véritable pavé dans la mare qu'a lancé l'ancien ministre marocain de la Justice, Mohamed Bouzoubab. Pour ainsi dire, les responsables marocains semblent être tous rodés aux besognes propagandistes destinées à dénaturer la lutte légale du peuple sahraoui pour son indépendance. Bien avant les Marocains, Washington, pour mémoire, avait également tenu des propos sur le risque de radicalisation des jeunes Sahraouis, tentés par l'aventure du djihad. Cette campagne contre les Sahraouis est destinée peut-être à préparer l'opinion publique marocaine à acquiescer à l'installation d'une base militaire US dans la région de Tan-Tan. Des médias du royaume ont rapporté, cette semaine, que «cette base est destinée à lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel», à défaut d'un Etat africain intéressé par l'accueil du projet d'Africom sur son sol. Des journaux marocains ont précisé qu'un accord de coulisses a été conclu entre Rabat et Washington et stipule l'aménagement d'une base militaire US à Tan-Tan contre la vente au Maroc d'avions de combat de type F-16. Pour ainsi dire, le contrat d'armement US avec le Maroc, appuyé d'un crédit spécial de la part du Pentagone, serait négocié à base d'intérêts minutieusement calculés. Le Maroc pourrait ainsi poursuivre, à l'encontre du droit international, sa politique expansionniste au Sahara occidental, tandis que les Américains réaliseraient le rêve d'ériger une base militaire au Maghreb. Mohamed Yeslem Beissat a estimé, mardi soir, que des parties marocaines mettent à profit la situation actuelle au Sahel pour impliquer les Sahraouis dans ce qui se passe au Sahel. Cette affaire de tenter de «qaîdiser» le combat des Sahraouis ne date pas d'aujourd'hui. Aussi, les choses semblent avoir avancé dans le sens de la concrétisation d'une éventuelle érection d'une base militaire américaine au sud du Maroc, puisque les services américains ont, à en croire les médias du royaume, récemment visité la région de Tan-Tan pour présenter pour étude au Pentagone la maquette d'une future base US.