Le Maroc ne désarme toujours pas et tente encore de «dénaturer» le combat légitime des Sahraouis, les «assimilant à des terroristes». Le Maroc n'est pas à sa première tentative de dévier la cause sahraouie de son cours légal. «Le Maroc avait déjà essayé d'assimiler les Sahraouis à des communistes durant la guerre froide, mais aussi à des islamistes durant la révolution islamique en Iran, et maintenant à des terroristes. Ce n'est guère quelque chose de nouveau que vient d'inventer le Maroc, et s'il y a lieu, aujourd'hui de reprendre les armes, nous le ferons dans un cadre légal qui relève d'une légitime défense et d'un mouvement de libération.» C'est ainsi qu'a commenté M'Hamed Kheddad, coordinateur avec la Minurso, les tentatives marocaines «d'assimiler les Sahraouis à des terroristes». D'une pierre deux coups, M'hamed Kheddad a légitimé, d'abord, l'option d'une lutte armée pour faire valoir le droit des Sahraouis à l'autodétermination et, ensuite, répondre aux tentatives marocaines de dévier le dossier sahraoui de sa vraie nature. C'est Mohamed Yeslem Beissat, ex-ambassadeur de la République sahraouie (Rasd) à Alger, désormais ministre chargé des Affaires africaines, qui avait, au mois de janvier dernier, dénoncé les propos propagandistes de certains responsables marocains qui tentaient de «qaîdiser» le combat légitime du peuple sahraoui. Mohamed Yeslem Beissat avait déclaré, lors d'une rencontre d'adieu tenue à Alger, que «des parties marocaines et américaines cherchent la moindre brèche pour associer la lutte du peuple sahraoui aux derniers événements survenus en Mauritanie et dans la région du Sahel». Fragilisé par un manque flagrant d'arguments susceptibles de légitimer sa présence au Sahara occidental, le Maroc semble même ignorer que la question sahraouie est inscrite en tant qu'affaire de décolonisation au niveau des instances onusiennes. «Le combat du Front Polisario est reconnu en tant que Mouvement de libération nationale et s'il va y avoir bruit d'armes cela se fera dans un cadre légal qui ne souffre d'aucune ambiguïté», nous a fait savoir, hier, M'hamed Kheddad, rencontré dans les camps des réfugiés sahraouis. Le Maroc n'est, en tout cas, pas à son premier dérapage. Le mois de mars de l'année écoulée, l'ancien ministre marocain de la Justice, Mohamed Bouzoubab, avait déjà indiqué qu'«il y a, maintenant, coordination et coopération entre Al Qaîda, notamment le Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien et la Salafia Jihadia marocaine, qui engage une action commune avec le Front Polisario». La communauté internationale avait alors réagi sévèrement contre ce gravissime dérapage d'un haut responsable du Makhzen. Tous rodés aux sales besognes propagandistes, les Marocains ne semblent pas près de rendre à César ce qui appartient à César. Interrogé sur les négociations qui se tiennent, depuis le mois de juin 2007, entre le Front Polisario et le Maroc, M'hamed Kheddad, membre de la délégation des négociateurs sahraouis, estime qu'il «n'y a aucun signal qui indique que le Maroc va se départir de sa position figée. Le Maroc ne veut pas négocier, mais plutôt attendre la reddition des Sahraouis. Il revient à l'ONU d'assumer ses responsabilités sur cette question». Le quatrième round des négociations, prévu le mois de mars prochain, ne pourrait marquer, selon M'hamed Kheddad, une avancée si l'ONU n'assume pas ses pleines responsabilités dans ce dossier, dont la solution relève simplement d'une affaire de décolonisation. Mais en toile de fond, d'après le représentant sahraoui à l'ONU, une espèce d'«accord tacite» est établi «selon lequel la France n'acceptera jamais que le Maroc soit amputé d'une partie d'un territoire» qui, pourtant, ne lui appartient pas. Cela pour dire que la France assure, pour des raisons économiques, un appui indéfectible aux thèses marocaines. «La France et le Maroc savent que s'il y a référendum libre, il y aura inévitablement indépendance», affirme encore M'hamed Kheddad. En un mot, la solution relève d'une application à la lettre des résolutions onusiennes, chose que semble ignorer Peter Van Walsum, l'envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental.