«Vous êtes ce pont entre la culture orale et universelle savante entre les intellectuels algériens, arabophones et francophones», dira Amine Zaoui en s'adressant à cet enfant de Sour El Ghozlane... La Bibliothèque nationale d'Algérie a accueilli, jeudi matin, une cérémonie en hommage à l'écrivain algérien, Kaddour M'hamsadji pour ses 50 ans de carrière dans l'écriture mais pas seulement. Cet enfant de Sour El Ghozlane a, depuis sa première oeuvre, La Dévoilée, parue en 1959, soit depuis presque cinquante ans, a pratiqué tous les genres littéraires (théâtre, roman, poésie, conte, nouvelle, essai, radio et cinéma, outre ses chroniques littéraires dans la presse, notamment dans les colonnes d'El Moudjahid dans les années 70-80). Organisée conjointement par la Bibliothèque nationale d'El Hamma et l'Office des publications universitaires (OPU), cette journée fut aussi rehaussée par la présence des amis, proches et famille de Kaddour M'hamsadji, sans oublier l'ex-ministre de la Culture, Liamine Bechichi, et le grand musicologue, Ahmed Seri. Dans son allocution d'hommage, M.Amine Zaoui, l'actuel directeur général de la bibliothèque ne tarira pas d'éloges à l'adresse de cet écrivain qui fête près d'un demi-siècle d'écriture, soit «50 ans dans l'écriture, 50 ans d'écriture et de combat, en ne faisant pas de distinction entre écrivain arabophone et un autre, de langue française.» Et d'ajouter en s'adressant à lui: «Vous étiez l'un des membres de l'Union des écrivains algériens, vous êtes un soldat de la plume. Et on continue à vous lire aujourd'hui dans le quotidien L'Expression. Vous avez su défendre le multilinguisme. Vous êtes ce pont entre la culture orale et universelle savante. Vous êtes le premier écrivain algérien à être traduit en chinois (Les Cendres du silence Ndlr). Parler de l'Emir Abd El-Kader, c'est parler aussi du premier fondateur de la bibliothèque algérienne. Vous étiez aussi un éducateur et vous me rappelez, à ce titre, Tahar Oussedik dans ses activités éducatives» Et de lui remettre un prix d'honneur. Très touché, M.M'hamsadji, accompagné de son épouse, dira être ému, de se retrouver au coeur de la mémoire et de la culture nationales en cet antre de la connaissance qu'est la Bibliothèque d'El Hamma. «Cet hommage, auquel d'ailleurs je ne m'y attendais pas, me fait chaud au coeur, car tout écrivain, tout artiste, aime à être reconnu et honoré par ses lecteurs», a confié M'hamsadji à la presse. Plus généralement, les hommages rendus aux hommes de lettres algériens «répondent à ceux qui prétendent que l'Algérie est stérile en littérature, en arts et en savoir, thèse anciennement propagée par les colonisateurs pour se donner bonne conscience», a-t-il ajouté. Il remerciera, par ailleurs, tous ceux qu'il a connus de près ou de loin ainsi que ses camarades au sein de la Radio et de la Télévision algérienne. Au programme de cette journée-hommage, plusieurs communications qui tentèrent chacune de parler de l'homme et de l'oeuvre de Kaddour M'hamsadji. Première personne à intervenir fut la journaliste et romancière, Nassira Belloula qui s'est évertuée à évoquer la poésie de M.M'hamsadji en évoquant les «deux soleils» qui irradient de sa littérature, à savoir l'amour qu'il porte à sa patrie et à l'être cher...Pour sa part, Amar Belkhodja évoquera la jeunesse de l'Emir Abd El-Kader dans le livre de l'invité de la Bibliothèque nationale du Hamma en insistant sur l'érudition de cet écrivain multiforme. Lounès Khiar, quant à lui, chargé de parler des contes, préférera évoquer sa rencontre avec cet écrivain émérite au sein de la Radio qui lui a donné sa chance de s'exprimer, lui, l'autodidacte...D'autres encore, comme Mohamed Sari et Abderrahamane Zakat ont tenu à rendre un vibrant hommage à cet ancien inspecteur de l'Education nationale et sous-directeur à l'Audiovisuel. Il fut également membre du groupe de la première Union des écrivains algériens (28 octobre 1963) dont Mouloud Mammeri a été le président, Jean Sénac, le secrétaire général, et lui-même, le secrétaire général adjoint. Mourad Bourboune et Ahmed Sefta en ont été les assesseurs. Il y a côtoyé de nombreux écrivains, parmi lesquels il a retrouvé de nombreux amis et développé aussitôt de belles amitiés avec ceux qu'il ne connaissait pas encore et parmi lesquels, par exemple, les regrettés Moufdi Zakaria, Tewfik El Madani, Kateb Yacine, Malek Haddad, Laâdi Flici, Ahmed Azeggagh, Salah Kherfi, Djouneïdi Khlifa, Cheikh Mohammed Laïd Khalifa, auquel, avec Mouloud Mammeri, à Batna, il a remis le Prix de l'Union des écrivains algériens qui lui a été décerné en partage avec Mohamed Dib. En plus de ses activités littéraires, Kaddour M'hamsadji a collaboré énormément dans la presse algérienne, dont la revue hebdomadaire Atlas, la première revue de l'Algérie indépendante. Actuellement, il tient tous les mardis, au journal L'Expression, une rubrique de présentation d'ouvrages sous le titre Le temps de lire. Bon vent et bonne continuation, Si Kaddour!