Dans certains villages, les sages ordonnent de signaler toute présence d'étrangers. Après Naciria, c'est au tour de Thénia d'être la cible des la bête immonde. Depuis, la Kabylie et particulièrement la wilaya de Tizi Ouzou, vit une situation pratiquement exceptionnelle pour ceux qui connaissent cette région du pays. A l'entrée de la ville des Genêts, le barrage de police semblait plus nerveux et les voitures les plus suspectes sont passées au peigne fin. En ville, les passants sont plus vigilants et le moindre paquet abandonné est signalé à la police. Les établissements publics, et particulièrement la wilaya et les commissariats de police sont, désormais, protégés par l'érection de murets et d'obstacles interdisant l'accès aux véhicules. Dans les villages, les comités ont donné des instructions aux habitants pour signaler toute présence de visiteurs. Des jeunes sont désignés, selon les moyens, pour veiller à ce que les «invités» soient repérés et signalés. Les forces auxiliaires de l'ordre, tels les patriotes, les agents de police communale, qui résident dans ces villages ainsi que les anciens maquisards sont souvent mis à contribution. Bref, c'est le branle-bas de combat et tout cela pour sécuriser la région. Dans les cafés, les conversations tournent surtout autour de l'attentat de Thénia et sur le fait que le kamikaze soit une femme. Les gens sont sidérés du fait que le terroriste montre un look inattendu avec des cheveux lâchés. Et tous de souligner que ce genre de terroristes ne fréquente pas la forêt de Boumehni et vient donc de battre en brèche l'affirmation que les massifs de Kabylie servent de base arrière aux terroristes. Certes, disent les citoyens, il se peut que des groupuscules se cachent dans les massifs forestiers de Boumahni, d'Amjoudh, de Yakouren, de Mizrana ou de Sidi Ali Bounab, mais cela n'est pas tout, car les kamikazes peuvent être partout. Comme les gens affirment que désormais, même les femmes sont suspectes, y compris celles qui ne portent pas le hidjab. Et de préciser qu'il appartient aux citoyens d'être plus vigilants, de s'impliquer en aidant les forces de sécurité dans la lutte contre le terrorisme. Il s'agit entre autres de signaler la présence des étrangers et surtout les comportements suspects ainsi que les objets abandonnés. Il est évident que le chômage, l'oisiveté, la mauvaise préparation par l'école et l'absence d'une politique conséquente en direction de la jeunesse renforcent les camps des terroristes. Mais ce n'est pas une raison suffisante. En instrumentalisant la religion, les islamistes arrivent à détourner les jeunes pour en faire des bombes humaines. La lutte antiterroriste n'est pas seulement une question de police et de répression, mais aussi une question intimement liée au volet économique. Certes, la région est quelque peu protégée par les choix démocratiques faits par la population, mais devant la dégradation des conditions de vie, cela risque de ne pas durer. La lutte antiterroriste c'est aussi le développement.