Les correspondances des services forestiers sont restées sans suite. Dans la seule commune de Mellakou et précisément la forêt de Beni-Affane, l'on recense près de 20.000 têtes d'ovins et de bovins appartenant à des nomades venus des régions de Laghouat, Aflou, Djelfa... des régions touchées par la grande sécheresse. Ces nomades, regroupés autour d'un cantonnement militaire, posent problème au milieu forestier qui demande l'ouverture d'une enquête. Plusieurs correspondances émanant des services forestiers envoyées aux autorités concernées, sont restées sans suite. Ce flux considérable de nomades en campement est illicite d'après la loi 94/12 qui interdit le campement, ainsi que le pâturage. Et l'on s'interroge dans certains milieux: «Pourquoi le pâturage a-t-il été interdit aux habitants de la localité d'El-Assaïlia (Medroussa) et a été toléré à Beni-Affane pour des nomades venus d'autres régions? L'alibi sécuritaire n'est point de mise, puisque la forêt de Boudjebil est sécurisée (on signale un cantonnement de la garde communale et à quelques kilomètres, la présence de trois autres militaires)». Les nomades se sont attroupés autour d'un cantonnement militaire à Beni-Affane alors que les instructions militaires y interdisant le pâturage illicite sont claires et irréfutables. Il est à noter qu'aucun contrôle périodique de cheptel n'est signalé, malgré l'apparition de la fièvre de Malte. Les forestiers tirent la sonnette d'alarme: «Dans deux ans, la forêt sera entièrement dégradée!» Par ailleurs, la wilaya de Tiaret vit un climat d'anarchie concernant la chasse, qui n'a pas été ouverte depuis 10 ans, hormis la chasse «clandestine», une situation qui perdure, en l'absence d'une association de chasseurs, faute de non- renouvellement de bureaux. Il est à noter que la chasse est un apport appréciable pour le Trésor public et constitue des rentrées considérables pour le pays (assurances, amodiation de terrains pour la chasse, prix des cartouches, vente de fusils de chasse, etc). Dans la région forestière de S'dama, l'organisation de chasseurs est quasi inexistante (Mechrâa-Sfa, Sidi Bakhti, Medroussa), alors que le gibier ne manque pas et le choix des zones de chasse relève des services des forêts ainsi que le plan de chasse. L'année dernière, il y a eu deux lâchers dans la zone d'Oued-Louhou et la zone de Tihamim, où la chasse d'une série d'oiseaux a été permise dont la perdrix de Gambara et le faisan de Colchide... Le canard colvert, un oiseau migrateur, dont la chasse est tolérée dans certains pays, a fait une apparition spectaculaire cette année aux alentours du barrage Benkhedda (Mechraâ-Sfa). Selon des forestiers, la volonté politique de préserver la forêt et le patrimoine forestier, tout en gardant l'équilibre écologique, est un souci majeur et un espace ciblé où convergent toutes les actions des associations de citoyens et des services concernés. Pour ce qui est du sanglier dont la prolifération a été signalée, l'abattage est devenu une urgence, selon des forestiers qui rappellent que le sanglier n'est pas consommable dans la chaîne alimentaire. En outre, la végétation forestière est menacée et plus particulièrement le chêne vert, très apprécié pour son action climatique, et aussi son potentiel énergétique pour la population rurale. Pour rappel, il est urgent d'ouvrir un débat sur le destin et l'avenir des forêts, loin de l'alibi sécuritaire. Que les instructions régissant le secteur des forêts soient claires et diffusées largement, la forêt, et la montagne devraient devenir des sources d'enrichissement. Les solutions existent, il manque seulement la volonté de les explorer.