Le projet connaîtra-t-il le même accueil que celui qui a été réservé au statut de la Fonction publique? Le conflit qui oppose le gouvernement aux syndicats autonomes de la Fonction publique trouve son essence dans un déficit flagrant de la communication doublé d'une inexistence de collaboration. Les principaux concernés, c'est-à-dire les salariés, ont été écartés de la nouvelle réforme les concernant. Qu'en sera-t-il du nouveau Code du travail qui engagera l'avenir de l'ensemble de la population active algérienne? Il sort tout chaud et tout droit des «laboratoires» du ministère du Travail et de l'Emploi. La commission, qui a été chargée de son élaboration, était essentiellement composée de spécialistes et représentants du gouvernement, de l'inamovible Union générale des travailleurs algériens (Ugta) ainsi que de l'incontournable patronat. Un triptyque classique associé aux grandes décisions et à l'orientation du pays en matière sociale. Une culture désormais ancrée dans le champ des négociations qui regroupent l'Exécutif et ses partenaires sociaux tout désignés. Et c'est sur ce plan-là que les syndicats autonomes, qui ont clairement affiché leurs distances vis-à-vis des responsables de la place du 1er-Mai, veulent s'imposer. Ils ne comptent ni être mis sous tutelle, encore moins servir de faire-valoir. Et il sera bien difficile, à l'avenir, de faire fi de la force qu'ils représentent. Le sang nouveau qu'ils viennent d'injecter au syndicalisme algérien est une réelle bouffée d'oxygène. Cependant, leur éviction de projets à mettre en chantier, tels que celui du Code du travail, est mal vécue par eux. Ils la dénoncent. Ils ont eu même gros sur le coeur. «C'est un projet qui est en train de se réaliser dans la clandestinité. Nous possédons des experts spécialisés dans le domaine des relations du travail. On aurait pu être associés à cette entreprise», a déclaré à L'Expression, M.Malek Rahmani, coordonnateur du syndicat du Conseil national de l'enseignement supérieur, le Cnes. «Les autorités continuent à nous tourner le dos», a ajouté, amer, notre interlocuteur. Jusqu'à quand peut encore durer cette situation? La déclaration de M.Tayeb Louh, ministre du Travail et de l'Emploi, qui disait vouloir associer tous les partenaires sociaux, sans exclusive, «société civile, syndicats, patronat...», avait donné du baume au coeur aux exclus de la concertation. «C'est une excellente chose. Nous attendons à ce que cela se concrétise sur le terrain», ont-ils réagi à l'unisson. Les syndicats autonomes se montrent encore méfiants. Le contrat de confiance ne semble pas encore s'être installé. Pour cela, il faut s'asseoir autour d'une même table. C'est ce que souhaite, en toute apparence, M.Tayeb Louh. Le ministre du Travail et de l'Emploi avait plaidé, le 31 décembre 2007, pour l'instauration d'une «culture du dialogue social». Le dynamisme de la Coordination et de l'Intersyndicale des syndicats autonomes de la Fonction publique a signé la fin de règne du monopole de l'action syndicale, incarné par une Centrale vieillissante. Les pouvoirs publics le prendront-ils sérieusement en compte? L'occasion leur est donnée avec le projet du nouveau Code du travail. Un test, en quelque sorte, d'un nouveau partenariat qui tiendra beaucoup plus compte des revendications citoyennes. M.Tayeb Louh a annoncé, ce lundi à Alger, que «le nouveau projet du nouveau Code du travail sera examiné par le ministère et les partenaires sociaux en mars prochain». Attendons donc pour voir qui y seront associés. Le gouvernement serait bien inspiré de ne pas avoir deux fers au feu. «Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras». Cela vaudra mieux pour tout le monde.