L'augmentation des salaires demeure la revendication principale des travailleurs. L'intersyndicale de la Fonction publique, qui regroupe dix syndicats des secteurs de l'éducation, de la santé et de l'administration, a décidé d'organiser, le 9 mai prochain, une journée nationale de protestation. Le préavis de grève sera déposé demain au niveau de la chefferie du gouvernement. Cette décision a été annoncée hier lors d'une conférence de presse animée par les représentants de cette intersyndicale, entre autres le Snapap, le Cnapest et le Snpsp. Le recours à cette action est motivé par la dégradation de la situation socioprofessionnelle des travailleurs de la Fonction publique, «caractérisée par l'érosion du pouvoir d'achat et la non-reconnaissance des syndicats autonomes», estiment les représentants. L'augmentation des salaires, la défense du droit syndical et le statut de la Fonction publique sont les revendications principales soulevées par l'intersyndicale. Celle-ci compte d'ailleurs saisir officiellement le chef du gouvernement pour une rencontre autour de ces questions. «Nous appelons à une bipartite entre le gouvernement et les syndicats autonomes qui sont les plus représentatifs du secteur de la Fonction publique», a déclaré M.Lamdani du Cnapest avant de poursuivre:«Nous n'avons rien de commun avec la tripartite, et l'Ugta n'est pas habilitée à parler au nom des fonctionnaires». Pour sa part, M.Malaoui du Snapap estime que l'augmentation des salaires, «seul moyen d'améliorer les conditions socioprofessionnelles des fonctionnaires», est possible dans la mesure où elle n'affecte pas les caisses de l'Etat. Il a argumenté ses propos à partir d'une étude faite par des syndicalistes. Celle-ci rapporte que l'augmentation des salaires de 10.000 DA représentera annuellement 7,71% des réserves de l'Etat. Une hausse de 100%, c'est-à-dire le double du salaire, affectera la trésorerie à hauteur 14,5% seulement, sachant que le budget annuel de la Fonction publique est de 611 milliards de dinars. M.Malaoui évoquera, par ailleurs, le nouveau code du travail. Il considère que ce dernier est inquiétant dans la mesure où l'introduction de la contractualisation constitue un danger pour la Fonction publique. Avec cette grève nationale des travailleurs qui s'ajoute à d'autres mouvements de protestation, le secteur de la fonction publique risque, dans les prochains jours, d'être paralysé. En effet, les travailleurs de l'éducation nationale vont entamer un débrayage de deux jours, les 23 et 24 avril, décidé par l'intersyndicale de l'éducation. Les enseignants du supérieur organisent deux jours de protestation à partir d'aujourd'hui. Notons que le ministère de l'Education nationale a appelé les syndicats du secteur à éviter la précipitation dans la prise d'une quelconque décision relative à la grève. Il a appelé également «les enseignants à lui donner le temps nécessaire pour la concertation avec les représentants syndicaux en vue de rendre possible un examen plus minutieux des dossiers soulevés par certains syndicats d'enseignants pour parvenir à des résultats concrets». Outre les enseignants, les vétérinaires comptent, pour leur part, reprendre leur mouvement de protestation dès le mois de mai, et qui sera cette fois-ci sous forme d'une grève cyclique de trois jours. La mobilisation des syndicats autonomes montre qu'il y a une ébauche d'union syndicale pour defendre les travailleurs. Chose qui pousse à croire que la Centrale syndicale passe par une phase très délicate. Entre ses engagements envers le gouvernement et ses promesses vis-a-vis des travailleurs de la fonction publique, elle se retrouve entre «le marteau et l'enclume». La mobilisation des syndicats autonomes pour la prise en charge des revendications des travailleurs de certains secteurs publics temoigne en quelque sorte de l'incapacité de l'Ugta à gérer les problèmes des travailleurs ou à satisfaire leurs revendications. Par ailleurs, la force des syndicats autonomes réside dans leur maintien de l'augmentation des salaires. Une revendication que tous les travailleurs de la Fonction publique espèrent arracher. Il faut reconnaître également que l'Ugta n'a pas réussi, jusqu'à présent, à convaincre le gouvernement d'une augmentation des salaires. Il faut dire aussi que les reformes initiées par le pouvoir dans le secteur de l'éducation nationale, de l'enseignement superieur, de la sante et de la Fonction publique en general, ont rencontre une grande resistance grace aux luttes des syndicats autonomes qui activent dans ces divers secteurs. Les recentes greves dans ces secteurs ont montre la determination du mouvement syndical autonome. Une question centrale se pose aujourd'hui au mouvement : quelle va etre sa strategie sur le terrain des luttes pour defendre les acquis syndicaux et peut-on imaginer qu'il puisse aller jusqu'a la construction d'une deuxieme Centrale syndicale?