Vingt syndicats appellent à une grève de trois jours à partir d'aujourd'hui. La Coordination nationale de syndicats autonomes et l'Intersyndicale de la Fonction publique ont unifié leurs rangs pour manifester leur rejet de la nouvelle grille des salaires. Elles appellent leurs tutelles respectives à ouvrir le dialogue afin de régler, de manière définitive, les problèmes inhérents à leurs professions. Ministère de l'Enseignement supérieur, ministère de l'Education nationale et ministère de la Santé, pour ne citer que ces trois départements, se retrouvent sous les feux de la rampe. Ils sont vivement interpellés par les organisations syndicales de leurs secteurs respectifs mais dans une action commune qui se veut d'envergure. Ce sont, en effet, tous les secteurs de la Fonction publique, qui compte pas moins d'1,5 million de salariés, qui sont appelés à cesser le travail pendant les journées des 13,14 et 15 avril. Les syndicats autonomes n'en démordent pas et semblent bien décidés à mener leur action jusqu'au bout. N'ont-ils pas déjà fait preuve de leur démonstration de force et de leur capacité de mobilisation durant ces trois premiers mois de l'année? Avec déjà deux grèves au compteur, ils semblent s'être aguerris au contact de la réalité du terrain. Les chiffres qu'ils ont avancés contrastent avec ceux estimés par les pouvoirs publics. Grande mobilisation et succès incontestable pour les uns et échec pour les autres. C'est de bonne guerre, doit-on dire. La bataille des chiffres fait aussi partie d'une certaine règle du jeu. Cela décourage-t-il pour autant les leaders de ces organisations syndicales? «Nous maintiendrons notre mouvement de protestation jusqu'à l'aboutissement de nos revendications», a déclaré, vendredi, au cours d'une conférence de presse, Lyès Merabet, porte-parole de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique (Cnsafp). Au centre du conflit qui oppose les pouvoirs publics aux syndicats autonomes se trouve la nouvelle grille des salaires du nouveau statut de la Fonction publique. Elle est contestée, rejetée. Meziane Mériane, un des leaders de la Coordination des syndicats autonomes, l'évalue ainsi: «La nouvelle grille des salaires ne répond pas aux aspirations des fonctionnaires. Il n'y a pas eu d'augmentations conséquentes. Le mois prochain, on se rendra compte que l'on n'a eu que des miettes.» Les syndicats autonomes persistent et signent: il faut revoir cette grille des salaires. Les pouvoirs publics, à l'instar du ministère de l'Education nationale, rejettent, d'ores et déjà, la contestation qui se dessine. Les préavis de grève déposés au niveau de la tutelle sont qualifiés d'illégaux. Les directeurs de l'éducation ont été instruits de sanctionner sévèrement tous les travailleurs grévistes. Tous les ingrédients qui ne serviraient qu'à mettre de l'huile sur le feu sont réunis. En toile de fond se pose la problématique d'une rente pétrolière exceptionnelle, mais inégalement répartie, mais aussi celle d'une hausse des prix des produits alimentaires qu'aucun mécanisme préconisé par le gouvernement n'est arrivé à juguler.