Le secteur de la Fonction publique risque d'être paralysé aujourd'hui par la grève décidée par les huit syndicats autonomes unis au sein d'une même structure syndicale. C'est la deuxième action de protestation entreprise par l'intersyndicale en l'espace d'un mois. Le salaire et la préservation du pouvoir d'achat constituent les revendications essentielles des fonctionnaires. C'est aujourd'hui que commencera la grève de trois jours à laquelle a appelé l'intersyndicale de la Fonction publique. Ce débrayage, deuxième du genre depuis le début de l'année 2008, vise à convaincre le gouvernement de s'asseoir autour de la table de négociations. Les huit syndicats autonomes (CLA, Cnapest, Satef, Snapap version Malaoui, SNTE, SNPEM, CECA, coordination des sections CNES), regroupés dans cette structure commune, ne voient d'autres issues à ce conflit que l'ouverture de « véritables négociations ». Les porte-parole de ces syndicats ont fait remarquer, lors de la conférence de presse tenue vendredi dernier à Alger, que le gouvernement n'a jamais ouvert des négociations avec le partenaire social depuis 1962. Il est temps, selon eux, que les conflits sociaux soient traités, ensemble, avec les représentants des travailleurs, comme cela se fait partout ailleurs dans le monde. La plate-forme de revendications, soumise au gouvernement, comporte sept points : l'association des syndicats autonomes à l'élaboration des statuts particuliers, l'augmentation de manière conséquente des salaires, la revalorisation du point indiciaire, la révision du régime indemnitaire, l'abrogation de l'article 87 bis, la réintégration des vacataires et la préservation du pouvoir d'achat des fonctionnaires. « Nous ne demandons pas la lutte. Juste de quoi subvenir à nos besoins élémentaires », fait remarquer un enseignant dans un lycée d'Alger. Les revendications des fonctionnaires sont « légitimes », martèlent les représentants des syndicats autonomes qui affichent une détermination sans faille d'aller jusqu'à la pleine satisfaction de leurs revendications. L'intersyndicale a déjà lancé un avertissement : « Notre combat ne fait que commencer. » Selon Ali Lemdani, secrétaire national chargé de l'information au sein du Conseil national autonome des professionnels de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), la suite du mouvement sera décidée par la base. « Nous ne sommes que les représentants des travailleurs », souligne-t-il, lui qui appelle le gouvernement « à revenir à de meilleurs sentiments ». L'action de grève sera couronnée le mardi 12 février par un rassemblement des membres des bureaux nationaux des huit syndicats membres de l'intersyndicale devant le Palais du gouvernement. « A chaque fois, les ministres nous disent que la question salariale les dépassait. Nous allons donc aller à la source : le gouvernement », explique Idir Achour, chargé de la communication au Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Considérant que la conjoncture macroéconomique (100 milliards de dollars de réserves de change) est favorable à la satisfaction de leurs revendications salariales, les syndicats autonomes se montrent résolus à ne pas lâcher du lest. D'autres syndicats autonomes comptent observer des journées de grève durant le mois en cours. C'est le cas du Syndicat national des paramédicaux (SAP) qui appelle à une grève nationale de trois jours à partir du 17 février. De son côté, la Coordination nationale des syndicats autonomes a déjà lancé un préavis de grève pour les 24, 25 et 26 février. Des tensions sont perceptibles au niveau du secteur économique public où des sections syndicales, à l'image de celle de la zone industrielle de Rouiba, menacent de sortir dans la rue si leurs revendications salariales ne sont pas prises en charge au plus vite. Février semble être le mois de toutes les revendications, de toutes les protestations !