Les professionnels du médicament regrettent qu'ils n'aient pas été associés à la prise de décision. Le Conseil des ministres remet ça: «Désormais, les missions d'importation, de fabrication ou d'exportation des produits pharmaceutiques et les dispositifs médicaux à usage de la médecine humaine sont dévolues aux établissements pharmaceutiques publics et aux établissements pharmaceutiques privés agréés.» Dans un communiqué rendu public mercredi, le Conseil des ministres ajoute: «Ces établissements sont également habilités à assurer la distribution en gros, la distribution au détail étant réservée aux officines pharmaceutiques placées sous la responsabilité d'un pharmacien.» Ce sont là, en effet, autant de modifications portées à la loi n° 85-05 du 16 février 1985 relative à la protection et à la promotion de la santé. Au-delà de ce communiqué, il est à se demander quelle est la nouveauté apportée par ces modifications à la réglementation en vigueur régissant le secteur de la santé en Algérie. Contacté hier dans le dessein d'avoir plus de détails sur la question, les professionnels du médicament affirment ne pas être au fait de ces modifications. «Je viens de l'apprendre, tout comme vous, et je n'ai pas compris de quoi il retourne» s'est contenté de répondre à L'Expression, le secrétaire général de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), Nabil Mellah. Celui-ci estime qu'il est «plutôt préférable d'attendre que ces modifications soient publiées dans le Journal Officiel pour, enfin, pouvoir donner son avis sur la question». Il faut savoir qu'actuellement, l'importation tout comme la fabrication des médicaments est une mission qui est dévolue aux opérateurs autant publics que privés. Par ailleurs, le premier responsable de l'Unop ne cache pas son mécontentement par rapport au mépris affiché par les autorité vis-à-vis des professionnels du médicament. «L'Etat légifère sans pour autant prendre en compte l'avis des professionnels qui, pourtant, peuvent lui apporter une aide précieuse» s'insurge le secrétaire général de l'Unop. «Le gouvernement n'a de cesse de promouvoir des lois sans pour autant qu'il puisse les mettre en application, parce qu'il ont été élaborées dans le secret le plus absolu», estime M.Mellah, qui rappelle l'affaire de la mise en place du tarif référentiel du médicament. En effet, l'élaboration des tarifs référentiels en 2000, par le ministère de la Santé, était difficilement réalisable. Pourquoi? «Parce que la tutelle l'a élaboré sans prendre en compte l'avis des spécialistes en la matière. Il lui a donc fallu revoir sa copie, en acceptant de composer avec les professionnels pour qu'enfin, la mesure soit applicable sur le terrain», affirme notre interlocuteur. Pour Nabil Mellah, les décisions prises actuellement par le gouvernement, relatives au secteur du médicament, sont contradictoires les unes des autres. En effet, «d'un côté on élabore des lois susceptibles de faciliter la tâche aux producteurs locaux, de l'autre, on opte pour l'importation de 45% du médicament générique», dit, indigné, le secrétaire général de l'Unop. Enfin, seule une décision prise en concertation avec les parties concernées pourra mener à bon port le secteur du médicament en Algérie, explique M.Mellah.