Après la publication de l'arrêté relatif à l'interdiction d'importation des produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux destinés à la médecine humaine fabriqués en Algérie le 14 décembre dernier dans le Journal officiel, le ministère de la Santé s'apprête à élaborer une liste additive de médicaments interdits à l'importation. Selon une source proche du ministère, cette nouvelle liste est sur le point d'être finalisée. Elle est soumise à des experts pour approbation. Elle comporte plus d'une trentaine de produits dont certains sont déjà fabriqués localement et utilisés dans les traitements de pathologies chroniques liées à l'hypertension artérielle, aux maladies cardiovasculaires et au cholestérol. Rappelons que cette interdiction d'importation de certains médicaments décidée par le gouvernement a pour objectif de développer la production nationale et de réduire la facture d'importation qui a atteint, en 2008, plus de 1,5 milliard de dollars. Selon le directeur de la pharmacie au ministère de la Santé, M. Smadhi, un gain de 200 millions d'euros peut être réalisé grâce à cette interdiction pour l'année 2009. Il ambitionne de passer à la production de produits essentiels et à des produits d'innovation, tels que les médicaments pour cancéreux. En attendant le lancement réel d'une production nationale qui dépassera les capacités actuelles, qui ne sont que de 30%, le malade algérien doit prendre ses traitements. Du fait que près de1000 médicaments sont aujourd'hui interdits à l'importation, il est à se demander si des quantités stockées par les importateurs seront suffisantes pour répondre aux besoins des malades ? D'autant que parmi certains médicaments interdits, un seul producteur en assure la fabrication. Sera-t-il à la hauteur des besoins d'ici les mois prochains ? Le ministère de la Santé rassure par la voix de son directeur de la pharmacie, qui a déclaré à la presse qu'une obligation est faite aux importateurs d'assurer un stock de trois mois et que « les produits importés ne doivent pas dépasser les deux tiers de leur vie une fois arrivés sur le marché national. Ce qui nous évitera les ruptures et surtout les produits périmés ». Lors d'une rencontre tenue mercredi dernier avec les producteurs nationaux et importateurs au ministère de la Santé, M. Smadhi s'est engagé à revoir les délais d'enregistrement des produits destinés à la fabrication locale en guise d'encouragement à la production nationale. Quid des normes ? Il a même suggéré de diviser par deux le délai d'enregistrement actuel, qui est de trois mois. Comment peut-il s'engager sur une telle décision, alors que les moyens humains et logistiques font défaut au niveau de la direction de la pharmacie. Pour preuve, près d'une cinquantaine de décisions d'enregistrement des produits et des certificats de conformité délivrés par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCCP) proposés à la signature ont tout simplement disparu. Le débat a porté essentiellement sur les listes des produits interdits à l'importation et le cahier des conditions techniques à l'importation de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux destinés à la médecine humaine, rendues publiques dans le journal officiel le 14 décembre dernier. Cette nouvelle mouture ne comporte pas, en fait, de nouveauté à part l'obligation d'investissement et les conditions pour la durée de vie des produits. La majorité des articles sont restés inchangés, pourtant jugés dans le passé par les importateurs incohérents avec le marché national actuel. Il s'agit entre autres du statut juridique de l'importateur qui demeure un opérateur sans responsabilité pharmaceutique, de la distribution des médicaments exclusivement aux grossistes, alors que l'importateur a d'autres clients comme la PCH, la disponibilité permanente de l'ensemble des produits figurant dans le programme d'importation, alors qu'un même produit est importé par plusieurs importateurs. Des clauses particulières font aussi référence aux importateurs conditionneurs de produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux qu'ils importent en vrac, qui devront s'engager à fabriquer ces produits dans un délai ne pouvant excéder une année. Par ailleurs, l'article 31 exige de tout importateur ayant déjà obtenu l'autorisation d'importation de s'engager à présenter un dossier d'investissement dans le cadre de la production de produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux au ministre chargé de la Santé, dans un délai de six mois, à compter de la date de souscription au présent cahier. L'importateur devra s'engager à réaliser l'investissement de production dans un délai de deux ans, faute de quoi, il perd le bénéfice d'une nouvelle souscription au cahier des conditions techniques à l'importation des produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux. Des délais que les importateurs jugent insuffisants pour acheter, valider et qualifier des équipements de production. Le texte prévoit des mesures pour les normes de stockage pour les produits nécessitant le respect de la chaîne de froid, mais pas pour les produits non soumis à cette condition ni à la sécurité et à la qualité de ces produits. Il en est de même pour la production, il n'existe aucun organisme censé contrôler toutes ces questions.