L'Allemand peut, cependant, dire qu'il a fait de ce club un leader du championnat. Bernd Schuster, qui vit au Real Madrid sa première saison sur le banc d'un grand club européen, a montré ses limites tactiques, mercredi dernier, face à l'AS Rome, responsable de la nouvelle élimination du club espagnol dès les 8es de finale de la Ligue des champions. Le Real n'a pas été à la hauteur et s'est logiquement fait éliminer par une équipe disciplinée et talentueuse, jouant justement en équipe, en un mot, supérieure. Mais l'entraîneur allemand de 48 ans, encore plus austère en conférence de presse que l'Italien Fabio Capello, son prédécesseur au Real, niait l'évidence après le match. Soit par provocation envers une presse espagnole qu'il semble mépriser soit pour ne pas trop enfoncer ses joueurs, Schuster ne reconnaissait pas la défaite mercredi au stade Santiago-Bernabeu (2-1 pour Rome). «Ce n'est pas une défaite», a-t-il assuré face aux médias après la rencontre. «Jusqu'au 0-1 nous dominions le match. Nous n'avons pas eu de chance, le ballon n'a pas voulu entrer», a-t-il ajouté, déplorant également l'exclusion de Pepe (71e) et la blessure de Michel Salgado (64e). Le manque de chance et les blessures. Cette fois au moins, l'entraîneur allemand ne s'en est pas pris à l'arbitre du match, l'une de ses cibles préférées dans le Championnat d'Espagne. Le Grec Kyros Vassaras a été «très bien», selon Schuster, qui avait hissé le modeste club de Getafe en finale de la Coupe d'Espagne la saison dernière. Involontairement ou non, le président «merengue» Ramon Calderon, qui a également sa part de responsabilité dans la sortie de route du Real en C1 (objectif N.1 du club cette saison), envoyait un message limpide à son entraîneur: «C'est indéniablement un échec. C'est vrai qu'il nous manquait des joueurs importants mais une grande équipe ne peut se plaindre ni des blessures ni des arbitres ni du manque de chance...» Schuster a, pour lui, le bon classement du Real en Liga, premier avec cinq points d'avance sur le FC Barcelone. Mais son passif est lourd: trois titres envolés (Supercoupe d'Espagne, Coupe d'Espagne et Ligue des champions). Et, inquiétant pour la suite, il n'a pas su façonner une équipe-type, il est vrai contraint par les blessures de longue durée ou répétées de plusieurs joueurs, Pepe et Robben en tête. Le Real Madrid, pourtant auteur de démonstrations cette saison en Liga (5-0 à Villarreal, 5-1 à Valence, 7-0 contre Valladolid), n'a pas non plus de système de jeu clair. Il s'appuie plus sur des coups d'éclat de ses individualités (Robinho, Guti, Sneijder) que sur une dynamique collective. Mercredi contre Rome, Schuster avait titularisé côte-à-côte ses deux milieux récupérateurs «destructeurs», Mahamadou Diarra et Fernando Gago. Résultat: les deux joueurs se sont souvent gênés, se télescopant même à un moment du match, offrant un ballon bouillant aux Romains juste à l'entrée de la surface de réparation. Le Real, aussi par manque de joueurs de couloirs (Robben, Sergio Ramos) s'est obstiné à passer dans l'axe, alors que l'habituel point de fixation, Ruud van Nistelrooy, était absent. Enfin, le «coaching» de Schuster s'est avéré inefficace. Il a fait entrer le latéral gauche Royston Drenthe à la place de Diarra puis Roberto Soldado pour Julio Baptista. Aucun des deux «nouveaux» n'a eu une influence notable. L'attaquant franco-argentin Gonzalo Higuain, pourtant décisif en fin de saison dernière, a presque totalement disparu de l'équipe. Une fois de plus, il est resté sur le banc mercredi soir.